Amphiprion percula, le poisson-clown perchot du Pacifique
Présentation
Le poisson-clown perchot du Pacifique Amphiprion percula, ou Nemo, a une répartition géographique est assez large et la distribution des origines s'étend dans la grande région de l'océan Indo-Pacifique. Le poisson-clown "vrai" (true anemonefish en anglais) se situe essentiellement entre le Nord du Queensland en Australie jusqu'à la Mélanésie, qui comprend la Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Bretagne, la Nouvelle-Irlande, les Îles Salomon et les Vanuatu. Le prix des poissons d'élevage est très abordable.
Amphiprion percula = Poisson-clown perchot du Pacifique
Description
Comme tous les poissons-clowns, Amphiprion percula forme des relations symbiotiques de mutualisme avec les anémones de mer. Il utilise son hôte anémone de mer à la fois comme habitat-refuge et protection contre les prédateurs. En raison de cette étroite relation, la distribution des stations d'accueil (les anémones) dicte l'habitat de A. percula. Les associations de A. percula avec des anémones de mer se limitent (dans la nature !) aux espèces Heteractis magnifica et Stichodactyla gigantea. Les deux symbiotes résident dans les eaux côtières des tropiques, où la profondeur dépasse rarement 12 mètres et la température de l'eau varie entre 25 à 28 °C. La répartition des anémones de mer elles-mêmes est limitée par l'activité photosynthétique des algues brunes dorées (zooxanthelles) qui occupent les tentacules des anémones (comme pour tout cnidaire). La paire constituée par les poissons et les anémones occupe généralement les récifs coralliens où l'anémone est solidement ancrée et où l'habitant peut nager sous la protection des tentacules de son hôte.
Lorsque plusieurs espèces différentes de poissons-clowns coexistent ensembles dans des habitats semblables, ils ont tendance à se partitionner en micro-habitats par rapport aux espèces de grandes anémones de mer disponibles. Amphiprion percula, par exemple, occupent généralement 2 espèces d'anémones (certains auteurs citent parfois soit Heteractis crispa, ou encore Stichodactyla mertensii en plus de deux principales, mais les informations sont peu concluantes pour l'une ou l'autre), mais surtout Heteractis magnifica dans les zones côtières alors que, par exemple A. perideraion qui partage l'aire géographique de notre poisson-clown, occupera la même espèce d'anémone mais dans les zones non-côtières, plus loin dans l'océan. L'intensification de la concurrence pour des ressources limitées augmente sans aucun doute le caractère territorial de ces poissons. La différenciation des niches écologiques pour chaque espèce est provoquée par la distribution, l'abondance, et les interactions d'acceptation entre les espèces concurrentes : la compétition est la règle en milieu naturel.
Description biologique
Amphiprion percula peut atteindre 11 cm de longueur (femelle dominante), mais jamais plus de 8 cm pour le mâle dominant, faisant de ce poisson-clown l'un des plus petits et facilement adaptables en aquarium. Il est souvent distingué grâce à trois barres (fasciatures) verticales blanches sur un corps de couleur orange vif. La fasciature blanche antérieure, se situe juste derrière l'oeil, la fasciature de milieu coupe le poisson en deux parties égales, et la fasciature postérieure se trouve près de la nageoire caudale. Une projection vers l'avant, sous forme d'un bulbe, demi-ballon de rugby, caractérise la fasciature centrale. En plus de la coloration blanche des bandes, une bordure noire, d'épaisseur variable, entoure et souligne chaque nageoire. Même si les couleurs vives de A. percula sont reconnaissables assez facilement pour les patron de coloration classiques, la confusion avec Amphiprion ocellaris (appelé "faux" poisson-clown en anglais) est tout à fait envisageable ! Toutefois, on peut distinguer les deux en comptant le nombre de rayons (épines) de la première nageoire dorsale. Amphiprion percula a généralement 10 épines dorsales (parfois seulement 9), tandis que A. ocellaris en a généralement 11. A défaut de pouvoir compter facilement le nombre de rayons de la nageoire dorsale, Amphiprion ocellaris n'a jamais les marges noires soulignant les nageoires trop épaisses. Enfin, les ratios hauteur/longueur des poissons sont différents : la hauteur de corps de Amphiprion ocellaris (de 2,1 à 2,9 plus petit que la longueur) est proportionnellement plus haut que Amphiprion percula (de 3,1 à 3,3 plus petit que la longueur).
Photo détail de la nageoire dorsale d'un A. percula avec indication des 10 rayons :
Au sein des "vrais" A. percula, le sexage n'intervient pas par une différence du patron de coloration mais seulement par une différence morphologique, c'est-à-dire la taille du poisson puisque la femelle est plus grosse que le mâle.
Le polymorphisme, bien que présent chez d'autres espèces de poissons-clowns, n'existe pas avec Amphiprion percula ! Ainsi, si les mutations par mélanisme (pigmentation noire) interviennent chez certaines espèces de poissons-clowns, cette variation pigmentaire totale est généralement absente chez Amphiprion percula. En revanche, il arrive fréquemment que l'intra-fasciature antérieure soit noircie (ce qui n'arrivera pas chez A. ocellaris qui sera totalement noir).
Variation du patron de coloration avec une morphe présentant la fasciature centrale portant des excroissances noires :
De nombreuses variétés du poisson-clown perchot ont été élevés par sélection en élevage, et le mélanisme ou le leucitisme potentiel de l'espèce a largement été exploité.
La durée de vie typique des individus sauvages en milieu naturel n'est curieusement, en considérant leur exploitation commerciale, pas bien déterminée. En effet, il y a très peu de données touchant la longévité de la plupart des espèces de poissons-clowns. Cependant, certaines sont enregistrées comme ayant vécues au moins 6 à 10 ans dans la nature, en mer. En captivité, le record est de 21 ans, record obtenu au Muséum-Aquarium de Nancy.
prédation et écosystèmes
La symbiose entre Amphiprion percula et son anémone hôte sert comme une mesure efficace de lutte contre la prédation. Protégées dans les tentacules de l'anémone de mer, Amphiprion percula appartient à un groupe unique de poissons qui ne sont pas piqués par les nématocystes. On estime qu'une épaisseur de la couche muqueuse protège le poisson de la détection et la réponse pleine d'animosité (de venimosité) des tentacules de l'anémone. Les espèces de poissons, auxquels il manque cette capacité d'adaptation physiologique, sont capturées et dévorées par l'anémone de mer. Il n'est pas surprenant, alors, que Amphiprion percula a très peu de prédateurs/ennemis autres que les adultes dominants. La présence d'un danger suscite immédiatement une réponse consistant à chercher refuge au plus profond de son hôte. Bien que les adultes sont relativement protégés de la prédation, les oeufs de Amphiprion percula sont sensibles, très convoités par des petites espèces et doivent être gardés par le mâle dominant. Les prédateurs diurnes les plus courants sont les grands labres (famille des Labridae) et d'autres demoiselles (famille des Pomacentridae qui savent également produire un mucus protecteur). Les prédateurs nocturnes des oeufs ne sont généralement pas des poissons comme des invertébrés, comme les fragiles ophiures (familles des Ophiotrichidae, Ophiochimidae, et Ophiodermatidae).
Amphiprion percula interagit avec son anémone de mer et les autres espèces de poisson clown. La relation symbiotique est bien documentée au profit des poissons, mais l'égalité des récompenses existent tout autant pour l'anémone. En échange de la protection, Amphiprion percula peut participer à nourrir, oxygéner (nage, battements des nageoires), et enlever les déchets de son hôte. En outre, il évite certaines attaques de mangeurs de cnidaires (ou Coelentérés), comme les poissons-papillons (de voraces prédateurs d'anémones). Parce que les poissons-clowns sont très territoriaux, "Nemo" chasse les intrus, y compris ceux qui nuisent à son hôte symbiotique. La question de savoir si ces actions sont égoïstes ou relèvent de l'altruisme reste un débat anthropomorphique, mais dans tous les cas, les deux animaux tirent profit de cette interaction.
Importance économique du poisson-clown
Amphiprion percula et d'autres poissons-clowns sont parmi les espèces de poissons les plus colorées et disponibles pour le commerce des aquariums. Ils démontrent également des comportements intéressants et sont facilement adaptables à la vie en captivité. Par conséquent, ces caractéristiques font d'eux de bons poissons de référence pour la recherche scientifique, en particulier lors de la conduite des études nutritionnelles et de la détermination de la qualité des oeufs et des larves. Malheureusement, en ce qui concerne le statut de conservation, la raréfaction des habitats des récifs coralliens (causes naturelles, réchauffement climatique, etc.) et les poissons d'aquarium marin créent un marché en hausse dans l'aquaculture qui pourraient faire craindre pour le peuplement naturel. Mais, en réalité, A. percula et plusieurs autres poissons-clowns, dans des conditions contrôlées, peuvent jouer un rôle important dans le maintien de populations stables en milieu naturel. A l'heure actuelle, cette espèce n'est pas menacée, la pression exercée allant même en diminution, car des efforts notables existent pour disposer de souches d'élevage dans le commerce aquariophile. Grâce aux poissons-clowns, l'aquaculture marine de loisir acquiert ses lettres de noblesse : favorisons l'élevage !
Le prix des morphes standard, que ce soit d'élevage ou sauvage, reste modeste pour un poisson marin, mais certaines sélection comme les Picasso, Platinum, etc, atteignent vite des sommets : plus de 150 /aquabdd/pho le poisson, ou même 500 /aquabdd/pho pour un couple de Platinum (qui ne se reproduira jamais chez vous...).
La possession de poissons en aquarium requiert une approche éthique et responsable pour respecter les animaux.
L'acquisition de poissons pour maintenance en aquarium ne doit pas se faire sur un coup de tête (achat impulsif). Il est essentiel de s'informer sur les besoins spécifiques des espèces (qualité eau, dimensions aquarium, comportement, alimentat). Seuls les poissons ayant des exigences similaires en matière de qualité d'eau devraient être maintenus ensemble dans un même aquarium.
Paramètres
Un aquarium récifal suffit à maintenir ce poisson-clown avec une anémone dont les mouvements de nage sont parmi les moins actifs de tous les poissons-clowns !
Comportement
En termes de recherches et d'observations, une attention particulière a été accordée à l'éthologie (science du comportement) de la relation symbiotique des poissons-clowns avec les anémones de mer. Le recours à un hôte a des effets à chaque stade de vie. Amphiprion percula pond ses oeufs sous le surplomb protecteur des tentacules d'une grande anémone de mer par exemple, il a ainsi été constaté et estimé que cela était un moyen de dissuasion à l'encontre des prédateurs tout autant qu'un mécanisme d'empreinte olfactive avec les embryons dans les oeufs. Ce dernier joue un rôle important dans l'orientation des jeunes poissons vers l'espèce d'anémone de mer plus tard, lors du retour au milieu benthique. Avec un courant d'eau bien orienté, l'empreinte chimique de l'anémone peut être transférée et imprégnée depuis les tentacules vers les oeufs.
Une fois devenu juvénile, Amphiprion percula doit localiser et habiter une anémone hôte, il ne survivra pas sans cela. Ses pauvres capacités en natation en fait effectivement une cible facile pour les prédateurs. Certains repères (marqueurs) chimiques sont utilisés, et ils diffèrent selon les poissons-clowns, ce qui provoque la sélection préférentielle de certaines espèces d'anémones. D'autre part, un constat émerge suite aux études éthologiques : les courants océaniques facilitent le processus de localisation et il est admis que les repères visuels ne sont jamais utilisés. Même si une anémone ciblée est déjà occupée, cela n'empêchera pas l'approche initiale du jeune Amphiprion; toutefois, la nature territoriale des poissons-clowns résidents cause fréquemment l'expulsion de l'intrus étranger.
Exemple d'occupation d'une anémone par un trio de poissons-clowns, un crabe (à gauche), une demoiselle noire (en bas) :
Les poissons-clowns A. percula, comme ce trio incluant la femelle dominante et deux mâles, partagent volontiers leur anémone-hôte avec d'autres espèces, en particulier des invertébrés comme des crevettes ou des crabes commensaux des anémones de mer.
L'anémone choisie pour "habitat" oblige généralement le poisson à une période d'acclimatation. La protection de la peau des poissons-clowns par la sécrétion d'un mucus par des glandes mucipares est développée avec la répétition des interactions avec l'anémone hôte. Deux théories existent sur la façon dont la couche de mucus se développe; ou bien le poisson acquiert après le contact avec les tentacules (un processus comportemental), ou bien il est développé au niveau physiologique (un processus biochimique). Ces deux explications ont été soutenues, et les deux sont soupçonnées d'être tout aussi importantes, voir de coexister. Au cours de sa première rencontre avec l'anémone de mer, Amphiprion percula se lancera dans une sorte de danse, consistant à toucher doucement sa première tentacule avec les nageoires ventrales, puis passera progressivement à l'ensemble de son corps. Il peut être piqué par les cnidocystes un certain nombre de fois avant que l'acclimatation soit effective. L'ensemble de la procédure peut prendre de quelques minutes à plusieurs heures (pour les poissons sauvages imprégnés dans l'oeuf !). Cependant, même une fois acclimaté, la protection de la peau peut totalement disparaître s'il y a séparation de plus de 7 jours entre l'hôte (exact, avec la même signature biochimique !) et le poisson. Le maintien des contacts avec les tentacules semble solliciter constamment la création de la couche de mucus des poissons-clowns. Au-delà de 24 heures, le poisson doit se réadapter comme indiqué précédemment.
Amphiprion percula détient le record du moindre éloignement de son anémone hôte : ses propulsions hors de l'anémone ne dépassent presque jamais 12 cm du bord des tentacules (plus de 20 cm pour A. ocellaris) !
Alimentation
Amphiprion percula, comme la plupart des poissons-clowns et des Pomacentridés en milieu naturel, se nourrit principalement de zooplancton, tels que les copépodes et des larves de tuniciers (salpes). Éventuellement, il consomme des algues aux alentours immédiats de son milieu, proche des récifs coralliens, ou même les restes du repas particulaire de son anémone hôte. Cette double stratégie lui confère un statut omnivore initialement confirmé par des études stomacales sur A. perideraion. Fréquemment, Amphiprion percula amène de gros morceaux de nourriture jusqu'à son anémone hôte, probablement en vue d'un stockage pour une utilisation ultérieure mais l'anémone dévore la nourriture accessible dans la plupart des cas...
On connaît comment parvenir au taux de croissance optimale pour les juvéniles; il faut une ration d'environ 6 % de poids corporel par jour (la moyenne d'un Amphiprion adulte est inférieure à 30 grammes). Les juvéniles sont soumis à des pressions considérables de la structure hiérarchique. Les jeunes individus sont harcelés et chassés par les plus grands mâles de la "famille", ce qui entraîne un retard de croissance car ils perdent beaucoup d'énergie à se défendre, se cacher, oubliant en cela de se nourrir suffisamment pour atteindre leur taille maximum. En conséquence, les plus petits poissons disposent d'une zone d'alimentation plus restreinte, et leur alimentation est précédée de véritables évasions de l'anémone qui ressemble alors plus à une prison ! En revanche, dès que la hiérarchie est bouleversée par la mort d'un mâle (ou même de la femelle bien sûr), les juvéniles hiérarchiquement dominés "gagnent" une place et l'expérience démontre une accélération du taux de croissance. Une conclusion s'impose : si le poisson-clown est moins harcelé, cela se traduit immédiatement par davantage de temps consacré à l'alimentation.
En raison de l'augmentation du commerce pour aquariums des poissons-clowns, et en particulier de Amphiprion percula, le moins remuant des clowns, et d'un appauvrissement des habitats des récifs coralliens, il y a eu d'énormes évolutions dans l'élevage des poissons marins en utilisant des techniques d'aquaculture. L'un des obstacles les plus difficiles est une rentabilité économique, avec la fourniture d'une nourriture peu chère mais efficace, des aliments pour animaux dans un environnement artificiel. Ainsi, il est constaté que les larves et juvéniles peuvent être élevés avec succès avec des aliments diversifiés, tels que les rotifères, les petites particules (poudre) d'aliments lyophilisés, artémia, mysis et krill. Malheureusement, cela s'est avéré trop cher pour être pratique, et un régime uniquement sur la base de l'alimentation artificielle a diminué les taux de croissance et de survie des jeunes poissons. Si, toutefois, les jeunes ont été sevrés après un période d'élevage de 15 à 20 jours après l'éclosion avec des nauplius d'artémias vivantes puis ensuite nourris avec un repas à base de morceaux de poisson enrichis avec de la caséine, la survie et le taux de croissance ne sont plus différents par rapport à des juvéniles entièrement alimentés avec de la nourriture naturelle et vivante ! La caséine est donc une clef du succès de l'élevage intensif des Amphiprion sans provoquer de dégénérescences notables (nanisme en particulier, morphes chromatiques aberrantes, etc.). En aquarium, les daphnies rouges sont également appréciées pour renforcer la couleur rouge, et les nourritures à base d'éponges pourront compenser (oligo-éléments et vitamines proches) les tuniciers pélagiques consommés naturellement.
Reproduction
La reproduction des poissons-clowns est évidemment sexuée; les couples sont monogames et l'entente entre le mâle et la femelle des individus de Amphiprion percula est très forte surtout si on met en corrélation la petite taille du territoire que cette espèce occupe et la promiscuité des deux poissons. Bien qu'elle soit limitée à la proximité immédiate de son anémone hôte, A. percula peut engendrer et pondre tout au long de l'année en raison de leur lieu d'habitat qui leur donne des eaux chaudes tropicales perpétuellement sans grande variation saisonnière.
Dans un premier temps, la parade nuptiale préludant au frai trouve une forte corrélation avec le cycle lunaire. La lune (lumière lunaire) sert à maintenir un haut niveau de vigilance chez le mâle, qui conduit à une augmentation des interactions sociales avec la femelle du couple. Plusieurs jours avant le frai, les mâles montrent des changements morphologiques et comportementaux : érection des rayons des nageoires, poursuites et chasses, préparation du nid, et des "sauts-signaux", sorte de langage du corps. Ce dernier point est représenté par une nage rapide, avec des évolutions de haut en bas saccadées. Enfin, des gonflements des nageoires anales et dorsales, et même les nageoires pelviennes viennent accompagner l'agressivité accrue du mâle.
Le choix du site de nidification est important pour, ultérieurement, la survie des oeufs. Le nid est généralement situé sous les tentacules de l'anémone hôte et en toute sécurité sur un morceau de roche nettoyée. Le mâle a alors tendance à pincer les bords des tentacules de l'anémone de mer dans le but de provoquer leur rétraction, et donc de fournir un espace suffisamment dégagé pour nettoyer la zone rocheuse. Initialement, le mâle débarrasse préalablement les algues et les détritus avec sa bouche, et c'est seulement plus tard qu'il sera rejoint par la femelle. Cela met clairement l'accent sur le rôle crucial futur des soins parentaux "paternels" afin que les oeufs ne deviennent pas vulnérables à la prédation, ni à la pourriture.
La procession du frai a lieu au cours de la matinée, au début de l'éclairage et dure environ 30 minutes mais aussi jusqu'à plus de deux heures (selon la maturité du couple). A ce stade, la partie conique de l'ovipositeur de la femelle devient visible. Plusieurs ovules sont expulsés lentement par l'ovipositeur grâce à un mouvement de balayage du ventre de la femelle à la surface de la zone de nidification. Suivie de très près par le mâle, celui-ci fertilise extérieurement les ovules qui ont été juste déposés. Le nombre total de passes au cours de chaque session de frai est élevé, et le nombre des ovules déposés peut varier de 100 à plus de 1 000, en fonction de la taille du poisson et de l'expérience antérieure. Des couples plus âgés et plus expérimentés s'accouplent plus longuement et vont produire plus d'oeufs fécondés. Les oeufs de Amphiprion percula mesurent environ 3 à 4 mm de longueur.
Dès que la ponte est terminée, la période d'incubation commence. A cet instant, le mâle ventile activement les oeufs avec ses nageoires et nettoie ceux-ci constamment de sa bouche, tout en assurant une garde sévère à l'encontre de tous prédateurs. Comme les oeufs sont fixés au substrat rocheux par des filaments adhésifs, une protection supplémentaire est procurée par le surplomb des tentacules de l'anémone hôte. La suppression des oeufs morts et des détritus est également importante dans le maintien d'un nid bien oxygéné (les déchets consomment localement de l'oxygène dès qu'ils commencent à être pris en charge par des bactéries); toutes ces taches sont accomplies par le mâle. La femelle, en revanche, est occupée avec l'alimentation (pour retrouver des forces) et à la protection de l'anémone au cours de cette période. La femelle veille énormément à la non-agression des tentacules (ceux que le mâle avait volontairement fait recroqueviller pour faciliter l'accès au site de ponte) qui surplombent la zone de nidification.
Le développement des oeufs dure de 6 à 7 jours d'incubation (les larves naissent le plus souvent, en milieu naturel, en fin de journée, soit 6,5 jours après la ponte), et les oeufs de Amphiprion percula sont alors prêts à éclore. Juste avant, toutefois, l'embryon est visible à travers la membrane transparente de l'oeuf. Les deux caractéristiques notables de cette étape sont des alevins argentés, brillants avec de grands yeux et le sac vitellin rouge-orange. Après l'éclosion, la larve mesure environ 3 à 4 mm de longueur totale et semble transparente, sauf pour les yeux, le sac vitellin, et quelques pigments dispersés. Les poissons-clowns nouvellement éclos restent benthiques aux abords immédiats de l'environnement qui les a vus naître, mais rapidement, ils nagent à la surface supérieure (euphotique) de la colonne d'eau, c'est-à-dire la couche euphotique, en profitant d'un processus appelé phototaxie pour se diriger. En clair : la larve est capable de s'orienter à l'aide du clair de lune qui brille la nuit. A cette étape, la larve passe une semaine en flottant parmi le plancton (zooplancton) et est transportée passivement par les courants océaniques. Le stade larvaire de Amphiprion percula se termine lorsque le jeune poisson clown retourne au milieu benthique et s'installe dans "le fond" de la mer environ 8 à 12 jours après l'éclosion. Par rapport à d'autres espèces des récifs coralliens, il s'agit d'une période relativement courte de vie pélagique. Au cours de cette période d'appartenance au zooplancton, la prédation est importante et il est admis que moins de 50 % des larves survivent à cette étape.
La phase juvénile de Amphiprion percula est caractérisée par un développement rapide des couleurs. Les fasciatures blanches qui sont propres à cette espèce commencent à se former autour de 11 jours après éclosion et ce début de patron de coloration correspond généralement à la première association des poissons juvéniles avec son anémone hôte. Par conséquent, le contact avec l'anémone stimule Amphiprion percula pour produire le mucus protecteur sur sa peau (voir la partie "comportement" sur l'élaboration et l'acclimatation à la protection contre les nématocystes de l'anémone). L'ensemble de la métamorphose de la larve vers le stade juvénile est habituellement terminé en un jour (!).
Le développement du juvénile vers l'adulte est fortement tributaire de la hiérarchie sociale de la "famille". Chaque anémone hôte est souvent occupée par un couple apparié et de deux à quatre petits poissons, le plus gros dominant le plus petit juste en dessous pour la position sociale. Les agressions entre la femelle dominante et son compagnon mâle sont minimes, ce qui entraîne peu de dépenses énergétiques. Chaque mâle, toutefois, tyrannise et poursuit tous les autres mâles de petites taille successives jusqu'à ce que le plus petit des poissons dominés soit chassé de l'anémone, avec pour conséquence que l'énergie qui pourrait être utilisée pour la croissance est plutôt orientée pour assurer la compétitivité physiques des mâles en présence. Le couple adulte retarde donc essentiellement la croissance des juvéniles qui, ultérieurement, pourraient devenir des concurrents.
Amphiprion percula mâle surveillant et aérant la ponte sous l'anémone :
Le mâle A. percula est le principal chargé de garde des pontes d'oeufs, mais la femelle peut venir prêter main-forte si nécessaire en cas d'attaque par un prédateur.
Comme d'autres poissons clowns, le caractère unique de Amphiprion percula de développement réside dans la métamorphose des adultes de sexe masculin pour les femelles (hermaphrodisme protérandrique). Tous les poissons-clowns naissent mâles, et le plus grand poisson d'un groupe inverse son sexe pour devenir la femelle dominante. Le deuxième plus grand des mâles devient alors le mâle dominant. Dans les cas où la femelle meurt, le mâle dominant change de sexe et la subordination de tous les autres mâles grimpent d'un cran vers le haut dans la hiérarchie. A ce stade, un nouveau petit juvénile est admis dans l'anémone. Le nombre de jeunes mâles présents dans l'anémone dépend de la dimension de l'anémone de mer.
Taxonomie de l'espèce
Le taxon valide complet avec auteur de cet animal est : Amphiprion percula (Lacépède, 1802). L'espèce a été classée à l'origine sous le protonyme Lutjanus percula par Lacépède en 1802.
En français, l'espèce porte le nom vernaculaire ou normalisé (nom commun) de : Poisson-clown perchot du Pacifique.
En anglais, l'espèce est communément appelée : True percula.
Règne: | Animalia |
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Phylum: | Chordata |
Classe: | Actinopterygii |
Ordre: | Perciformes |
Sous-Ordre: | Labroidei |
Famille: | Pomacentridae |
Sous-famille: | Amphiprioninae |
[*] Genre: | Amphiprion |
Espèce: | percula |
Nom scientifique: | Amphiprion percula |
Descripteur: | Lacépède |
Année de description: | 1802 |
Protonyme: | Lutjanus percula |
Synonymes: | Actinicola percula, Amphiprion tunicatus, Lutjanus percula |
Noms communs: | (fr) Poisson-clown perchot du Pacifique, Nemo (en) True percula, clown anemonefish, Orange anemonefish |
Habitat naturel: | Océan Pacifique ouest |
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Abondance: | Courant |
Maintenance: | facile |
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Volume: | 80 litres |
Taille: | 8,0 à 11,0 cm |
pH: | 8,0 à 8,5 |
Salinité: | 1022 à 1026 |
Température: | 23 à 28 °C |
Type de reproduction: | Ovipare (ovulipare) |
Espérance de vie: | 8 à 20 ans |
[*] Une taxonomie scientifique avec classification plus développée existe dans le genre amphiprion du taxon amphiprion percula.
Genre Amphiprion : les poissons-clowns du genre Amphiprion appartiennent à la famille Pomacentridae, dans la sous-famille Amphiprioninae. Dans la nature, en mer, les amphiprions forment un mutualisme symbiotique avec une anémone de mer. Selon les espèces, les poissons-clowns Amphiprion sont globalement jaune, orange...
Famille Pomacentridae : la famille Pomacentridae, les pomacentridés, est composée de poissons marins sédentaires et territoriaux communément appelés poissons-demoiselles, poissons-clowns et castagnoles. Il y a environ 360 espèces regroupées en 28 genres. Les Pomacentridés...
Ordre Perciformes : les poissons Perciformes, aussi appelés Percomorphes ou Acanthoptères, constituent le plus grand ordre de vertébrés, contenant environ 35 % de tous les poissons osseux ! Perciformes signifie "comme les perches". Ils appartiennent à la classe...
Classe Actinopterygii : la classe Actinopterygii, les Actinoptérygiens, est celle des poissons à nageoires rayonnées. C'est le plus grand groupe de poissons, mais aussi le plus réussi. Il représente la moitié de tous les vertébrés vivants. Alors que l'actinoptérygien...
Suggestions d'espèces
Compléments utiles
Le célèbre personnage des films d'animation Le Monde Nemo et Le Monde de Dory montre un poisson-clown que certains identifient comme A. percula, mais d'autres estiment qu'il s'agit d'A. ocellaris. Difficile de se décider...
Page publiée le 01/06/2009 (mise à jour le 17/02/2025).