Vicugna pacos, l'alpaga

Présentation

L'alpaga Vicugna pacos est un camélidé de l'ouest andain de l'Amérique du Sud (Pérou à Argentine). Les alpagas sont la plus petite espèce de camélidés domestiquée. Le poids d'un alpaga adulte varie de 55 à 65 kg.

Vicugna pacos = Alpaga

Description

L'alpaga Vicugna pacos a une longueur tête-corps qui varie de 120 à 225 cm, et la longueur de la queue va de 15 à 25 cm, et la hauteur des épaules de 90 à 130 cm. Vicugna pacos a un corps et un cou élancés. La tête est petite et les oreilles sont grandes et pointues. Le pelage est soit uniforme, soit multicolore.

Un alpaga marron Vicugna pacos :

Les fourrures d'alpaga Vicugna pacos ont jusqu'à 22 couleurs, du blanc au noir et au marron. Les spécimens marron (comme ici) sont un peu moins recherchés que les blancs purs.

Chez les mâles adultes, les incisives supérieures et inférieures ainsi que les canines inférieures se transforment en dents de combat ou en crocs pouvant mesurer plus de 3 cm de long. Chez les femelles, ces dents ne se développent pas autant que chez les mâles. Outre la différence de morphologie dentaire, le dimorphisme sexuel chez les alpagas est mineur.

Deux alpagas Vicugna pacos :

Deux alpagas Vicugna pacos dont la tête est décorée d'ornements de leur propriétaire.

⭐ Deux sous-espèces sont reconnues avec Vicugna pacos subsp. huacaya (Alpaga Huacaya) et Vicugna pacos subsp. pacos (Alpaga Suri), mais seuls de caractères phénotypiques varient, avec une légère variation sur le poil (non visible à l'oeil nu). Sur 3,7 millions d'alpagas dans le monde, moins de 10 % seraient de la race Suri. Une étude a révélé que les alpagas Suri pouvaient être distingués de manière fiable de Huacaya en recherchant une faible fréquence de poils de moins de 35 micromètres de diamètre, ainsi qu'un moins grand nombre de poils avec plus de huit écailles cuticulaires. Pour d'autres auteurs, le corps, les pattes et le cou du Huacaya sont couverts de poils longs et frisés, tandis que la tête et les pieds sont couverts de poils courts. Chez Suri, les poils sont plus soyeux et poussent plus vite que chez Huacaya. De plus, pour Suri, les poils poussent parallèlement au corps et ne sont pas frisés.

✅ En 2001, la classification du genre lama a été revue, et ainsi Lama pacos est devenu Vicugna pacos, suite à la présentation d'un article sur les travaux de Miranda Kadwell (et al.) sur l'ADN de l'alpaga à la Royal Society, montrant que l'alpaga descend de la vigogne et non du guanaco.

La longévité de Vicugna pacos à l'état sauvage est de 5 à 10 ans, alors qu'en captivité elle est d'environ 20 ans.

✅ La fibre d'alpaga est le principal produit obtenu à partir de ces animaux. Le pelage est tondu une fois par an et la fibre a été décrite comme la plus fine. La fibre est douce et peut absorber jusqu'à 15 % d'humidité ambiante sans l'altérer. De plus, la fibre est plus chaude et plus résistante que la laine. Les autres produits pouvant être obtenus à partir des alpagas sont la viande, la peau et les excréments. La viande a une teneur en protéines plus élevée et une teneur en matières grasses plus faible que la viande de vache ou de mouton. La viande des camélidés sud-américains ne transmet pas de maladies telles que la trichinose ou la cysticercose, généralement causées par la consommation de porc ou de produits de gibier sauvage. Malgré les bienfaits de la viande d'alpaga, sa commercialisation est extrêmement rare. Un autre produit obtenu des alpagas est leur peau, qui est utilisée pour la fabrication de tapis, de tentures murales, de sacs à main, de chaussures, de jouets et de vêtements. Le fumier est utilisé soit comme engrais, soit comme combustible. L'alpaga revêt une extrême importance pour l'économie des bergers sud-américains. Le ministère péruvien de l'Agriculture rapporte que le Pérou et la Bolivie abritent 99 % de la population d'alpaga. La reproduction a lieu principalement dans les communautés agricoles pauvres.

Écologie

L'aire de répartition naturelle de Vicugna pacos comprend les Andes centrales et méridionales, du Pérou à l'Argentine, à des altitudes allant jusqu'à 4 800 mètres. Les restes d'alpaga trouvés à des altitudes plus proches du niveau de la mer suggèrent que l'alpaga avait autrefois une répartition géographique plus large et que la réduction de son aire de répartition a commencé avec l'arrivée des conquistadores espagnols et de leur bétail introduit. Dans les années 1980, les alpagas ont commencé à être exportés vers d'autres pays à des fins agricoles. De nos jours, les alpagas peuvent être trouvés dans des pays comme les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l'Australie et les Pays-Bas, entre autres. Malgré l'augmentation de l'élevage d'alpagas en dehors de son territoire d'origine, on estime que 99 % de la population mondiale d'alpagas se trouve en Amérique du Sud.

Les alpagas habitent l'Altiplano andin, c'est-à-dire les hauts plateaux andins, de préférence à proximité des zones humides. Le climat de l'Altiplano est rigoureux, atteignant des températures inférieures à 0 °C la nuit et 16 °C le jour. Les précipitations annuelles varient de 400 à 700 mm. Dans cette région semi-aride, les graminées prédominent. Les alpagas dépendent des humains. Il existe des rapports faisant état de populations sauvages de lamas en Amérique du Sud; cependant, cela ne semble pas être le cas pour les alpagas.

Comportement

Les alpagas Vicugna pacos sont des animaux sociaux. Ils vivent dans des troupeaux composés non seulement d'autres alpagas, mais également d'autres espèces telles que les lamas, les chèvres et les moutons. Certaines recherches soulignent l'existence d'un ordre social hiérarchique chez les alpagas.

Alimentation

Vicugna pacos est un pâtureur-brouteur strict (broutage et pâturage). Dans une région montagneuse du Chili, il a été rapporté que le régime alimentaire de l'alpaga était dominé par des graminées telles que des fétuques Festuca nardifolia, Deschampsia caespitosa et Agrostis tolucensis, des plantes en coussin Oxychloe andina, des graminées en grappes Festuca orthophylla et l'arbuste ligneux Parastrephia lucida.

Reproduction

Vicugna pacos, comme tous les camélidés, est une espèce polygame. Certains éleveurs rapportent que les mâles dominants forment des harems de 5 à 10 femelles.

Les alpagas sont des ovulateurs induits. Ils peuvent se reproduire toute l'année. Si la femelle est prête à s'accoupler, elle permettra la montée puis la copulation en supposant le décubitus sternal peu de temps après l'intromission. Le mâle produit une vocalisation connue sous le nom de "orgling" pendant la copulation. Un signal chimique dans le sperme semble déclencher la poussée préovulatoire de l'hormone LH (hormone lutéinisante). L'ovulation a lieu 24 heures après l'accouplement. Une fois qu'une femelle est enceinte, elle refusera toute tentative du mâle de la monter.

La gestation dure entre 242 et 345 jours. Si les deux sexes restent ensemble toute l'année, la parturition a lieu pendant la saison des pluies, de décembre à mars. Les femelles peuvent tomber enceintes environ 10 jours après la parturition. Les alpagas ont généralement un seul petit, la naissance ayant lieu entre la fin de la matinée et le milieu de l'après-midi. À la naissance, le poids de l'alpaga varie de 8 à 9 kg. Les alpagas sont nidifuges. Les alpagas sont sevrés entre 6 et 8 mois. Les femelles atteignent la maturité sexuelle entre 12 et 15 mois, tandis que les mâles l'atteignent vers 30 à 36 mois.

✅ Tous les camélidés sud-américains peuvent se croiser et induire une progéniture fertile. Cependant, les croisements entre camélidés sud-américains domestiques et sauvages n'existent normalement pas dans la nature. Le produit du croisement d'un lama et d'un alpaga est un "Huarizo", qui présente des caractéristiques physiques intermédiaires. Le produit du croisement d'une vigogne et d'un alpaga est une "Pacovicuna", qui présente une ressemblance avec la vigogne. Cette dernière a fait l'objet d'une attention considérable en raison de la haute qualité de la fibre qu'elle produit.

Après la parturition, les alpagas ne lèchent pas leurs petits et ne touchent pas le placenta. Les mâles restent loin des femelles pendant la parturition. Les mères surveillent de près leurs nouveau-nés mais ne s'approchent pas de leurs petits jusqu'à ce qu'ils se lèvent enfin.

Une femelle alpaga et ses jeunes :

Une femelle alpaga Vicugna pacos et ses jeunes de deux couleurs différentes.

Ensuite, les mères s'approchent volontiers de leurs petits pour que les nouveau-nés puissent recevoir leur premier lait, ou colostrum, qui contient des anticorps et des nutriments. Si les nouveau-nés ont des difficultés à trouver le pis, les mères les aident en changeant leur propre posture. Certains jeunes s'approchent de femelles non apparentées pour obtenir du lait; ces femelles non apparentées réagissent généralement en leur permettant d'allaiter, en s'éloignant ou en crachant. Si un étranger s'approche d'une mère et de ses petits, la mère crache ou se jette et peut refuser de quitter ses petits.

Taxonomie de l'espèce

Le taxon valide complet avec auteur de cet animal est : Vicugna pacos (Linnaeus, 1758). L'espèce a été classée à l'origine sous le protonyme Camelus pacos par Linnaeus en 1758.
En français, l'espèce porte le nom vernaculaire ou normalisé (nom commun) de : Alpaga.
En anglais, l'espèce est communément appelée : Alpaca.

Suggestions d'espèces

Vicugna vicugna (Vigogne)

Lama glama (Lama blanc)

Lama guanicoe (Guanaco)

Camelus bactrianus (Chameau de Bactriane, Chameau domestique)

Camelus ferus (Chameau sauvage de Tartarie)

Camelus dromedarius (Dromadaire)

Compléments utiles

En raison de certaines de leurs caractéristiques morphologiques telles que leurs semelles rembourrées et leur légèreté, les camélidés sud-américains ne compactent pas le sol et ne détruisent pas la végétation de leur habitat. De plus, ils se nourrissent des herbes et des graminées naturelles de l'écosystème. En bref, ces animaux constituent un bétail idéal pour un pâturage à faible impact.

Après l'arrivée des conquistadores espagnols en Amérique du Sud, les populations d'alpagas furent extrêmement réduites et déplacées vers les régions les plus élevées des Andes. Ainsi, les alpagas et les lamas ont été remplacés par des moutons et des chèvres importés d'Europe. De nos jours, les populations d'alpagas ne sont pas en danger mais sont toujours reléguées dans les régions les plus élevées des Andes. On estime que la population mondiale d'alpagas est d'environ 3,7 millions. Le Pérou abrite 87 % de la population d'alpagas, suivi de la Bolivie avec 9,5 %. La plupart des alpagas élevés en Amérique du Sud sont sous le contrôle d'éleveurs traditionnels qui, dans la plupart des cas, gardent les lamas et les alpagas ensemble. Cette situation est problématique puisque les alpagas et les lamas peuvent se croiser. L'hybridation entre lamas et alpagas, qui a commencé après la conquête et se poursuit aujourd'hui, fait de l'alpaga une espèce en voie de disparition puisque sa constitution génétique est compromise par des croisements avec le lama.

Des études sur différents sites archéologiques d'Amérique du Sud suggèrent que les alpagas ont été domestiqués il y a environ 6 000 ans. L'origine de cette espèce a fait l'objet de débats. Apparemment, l'intense hybridation post-conquête entre lamas et alpagas a joué un rôle majeur dans l'obscurcissement de l'origine de l'alpaga.