Lynx pardinus, le lynx pardelle ibérique

Présentation

Le lynx pardelle ibérique Lynx pardinus est l'une des deux espèces de lynx européen, vivant exclusivement dans la péninsule ibérique. L'espèce de félin est bien plus petite (presque moitié) que le lynx eurasien et il est strictement endémique d'Espagne et du Portugal.

Lynx pardinus = Lynx pardelle ibérique

Description

Originaire de certaines régions d'Espagne et du Portugal, le lynx ibérique Lynx pardinus vit dans les garrigues méditerranéennes, où il recherche sa principale source de nourriture : le lapin européen. Ce petit félin a failli disparaître au 20^ème siècle lorsque la population européenne de lapins s'est presque effondrée, en partie à cause de la chasse excessive par les humains et en partie à cause d'épidémies. Grâce aux efforts de conservation, la population de lynx ibérique a commencé à rebondir, même si elle est toujours confrontée à une perte d'habitat. En 2012, la population était passée à 326 individus, à 855 en 2020, à 1 111 en 2021, et à 1 668 en mai 2023.

Lynx pardelle d'Espagne (Lynx pardinus) :

Le Lynx ibérique Lynx pardinus est un petit lynx. Il pèse en moyenne 9 à 13 kg, la longueur corps-tête est comprise entre 75 à 82 cm avec une queue courte mesurant entre 12 et 13 cm. La hauteur au garrot est de 42 à 47 cm.

Le lynx ibérique Lynx pardinus ressemble en apparence à son proche parent, le lynx eurasien, mais mesure environ la moitié de sa taille. Ils sont de taille similaire au lynx du Canada (Lynx canadensis) et au lynx roux (Lynx rufus), et les mâles sont plus gros que les femelles. Ils ont une tête relativement petite, de longues pattes et une queue très courte à pointe noire, caractéristique commune des espèces du genre Lynx.

Ils ont des faces courtes et plates et des touffes noires sur les oreilles et les bajoues ornées de grands favoris qui leur donnent un aspect barbu, particulièrement évident chez les adultes. Ils ont un pelage fauve, marbré de taches sombres dont la taille, la forme et l'intensité de la couleur varient considérablement. Des efforts récents ont été déployés pour caractériser la configuration, la taille et l'intensité de ces taches, ce qui pourrait s'avérer utile pour déterminer le degré de diversité génétique au sein de l'espèce.

En tant que spécialiste des petites proies, le lynx pardelle ibérique possède un crâne raccourci qui maximise la force de morsure des canines. De plus, ils ont un museau plus étroit, des mâchoires plus longues et des canines plus petites que les félins qui se spécialisent dans les proies plus grosses. Ces adaptations offrent un avantage lors de la capture de petites proies rapides et permettent au lynx ibérique de délivrer une seule morsure mortelle qui perce la nuque, sectionnant ainsi la moelle épinière (par opposition aux morsures suffocantes, courantes chez les chats plus gros). Les félidés petites proies ont des canines plus petites, ce qui entraîne une zone de contact plus petite. Par rapport aux grandes canines arrondies trouvées chez les félins de grande proie, une zone de contact plus petite entraîne une force de morsure accrue par unité de surface de contact. En conséquence, les chats à petites proies perforent la peau des proies plus facilement que leurs homologues à grandes proies.

✅ Le plus vieux lynx pardelle ibérique sauvage avait 13 ans au moment de son décès. La longévité des individus captifs est inconnue. Les taux de mortalité sont les plus élevés parmi les lynx en dispersion (48 % par an), dont la plupart ne se sont pas reproduits au moment de leur mort. La mortalité est souvent d'origine humaine et comprend les collisions routières, la chasse illégale (5 % par an), les prises accessoires dans les pièges (6 % par an), les chiens, les chutes dans les puits et les incendies de forêt.

Écologie

Le lynx pardelle ibérique Lynx pardinus nécessite un terrain variable en dessous de 1 300 m, contenant une mosaïque de garrigues méditerranéennes fermées entrecoupées de parcelles ouvertes de prairies, souvent avec des écotones de marais. Ce paysage en mosaïque naturelle crée un équilibre optimal entre couvert arbustif et espace ouvert. Le lynx utilise les zones de garrigue comme abri ainsi que pour se coucher et se reproduire. Les zones avec une couverture minimale fournissent un habitat à leurs principales proies, les lapins européens (Oryctolagus cuniculus), qui sont présents en densités plus élevées dans ces endroits. Malheureusement, le lynx ibérique a disparu de nombreuses zones contenant un habitat convenable, probablement en raison des faibles densités de lapins.

L'habitat du lynx ibérique dans le parc national de Donana est relativement plat (0 à 50 m au-dessus du niveau de la mer) et bénéficie d'un climat méditerranéen subhumide. Cette écorégion particulière est influencée par l'océan Atlantique et présente une saisonnalité marquée.

Comme la plupart des félidés, le lynx ibérique est un animal solitaire qui présente une structure démographique de métapopulation. Ils dépendent de la dispersion entre les populations pour éviter la consanguinité et nécessitent donc des couloirs de déplacement entre les zones d'habitat convenable. Les couloirs permettent aux individus de rechercher des habitats en dehors de leur territoire natal.

Comportement

Le lynx ibérique est un carnivore solitaire qui présente une structure sociale de métapopulation. Ils sont nocturnes ou crépusculaires, avec une activité culminant au coucher du soleil, lorsque les proies sont les plus actives. Les habitudes d'activité quotidienne sont liées à celles de leur principale proie, le lapin européen (Oryctolagus cuniculus). En hiver, le lynx ibérique peut temporairement devenir diurne.

Lynx ibérique (Lynx pardinus), lynx pardelle :

Au contraire de son congénère eurasien, le lynx pardelle Lynx pardinus ne vit pas exclusivement en forêt mais en milieu plus découvert.

Les femelles et les mâles adultes vivent sur des territoires qui se chevauchent, et les deux sexes défendent leur territoire contre leurs congénères du même sexe. Le lynx ibérique tue fréquemment les petits carnivores pour réduire la compétition pour les proies et est plus agressif lorsque les proies sont rares. Les chiens (Canis familiaris), les chats domestiques (Felis catus), les renards roux (Vulpes vulpes), les genettes communes (Genetta genetta), les mangoustes égyptiennes (Herpestes ichneumon) et les loutres (Lutra lutra) sont généralement victimes du lynx ibérique.

Le lynx ibérique vit en petites métapopulations isolées. Le degré de connectivité entre les populations dépend en partie du nombre d'individus dispersés. La dispersion se produit principalement pendant la saison de reproduction, lorsque se produisent la plupart des interactions sociales. Au sein de la famille des Félidés, les mâles d'un an se dispersent plus fréquemment que les femelles, mais les deux sexes se dispersent vers l'âge de 2 ans.

Cependant, dans les populations denses, la dispersion peut se produire à un âge plus précoce en raison de ressources limitées. Les mâles se dispersent plus loin que les femelles, qui héritent occasionnellement du territoire de leur mère ou peuvent s'établir dans des territoires adjacents à celui de leur mère. La distance de dispersion moyenne est de 16 km, ce qui est plus court que celui signalé pour d'autres félidés de taille similaire (ex. :, le lynx du Canada et le lynx roux), mais peut varier entre 3 et 30 km.

Lors de la dispersion, les individus se nourrissent dans des habitats de moindre qualité, tout en évitant les zones occupées par leurs congénères et les types d'habitats ouverts, tels que les marais ou les terres cultivées. Toutefois, s'il n'existe aucune autre option, ils ne parcourent généralement pas plus de 2 km à la fois dans les marais ou les habitats ouverts. Les risques associés à la dispersion comprennent l'agression de la part des congénères, le stress et la malnutrition associés à la chasse dans des zones inconnues; cependant, les principales causes de mortalité lors de la dispersion sont d'origine humaine. Près de la moitié de tous les événements de dispersion réussissent, entraînant l'établissement de territoires de reproduction.

Alimentation

Comme la plupart des félidés, le lynx ibérique chasse fréquemment seul et tue ses proies d'une seule morsure au cou. Leur petite taille et leur pelage bien camouflé les rendent bien adaptés à la chasse aux petits mammifères. Leur principale proie est le lapin européen (Oryctolagus cuniculus), qui représente entre 80 et 100 % de leur consommation quotidienne de biomasse. Un seul lynx adulte a besoin de 600 à 1 000 kcal par jour, soit approximativement la quantité d'énergie contenue dans un seul lapin. Une femelle adulte avec des petits a besoin de trois lapins par jour.

Le lynx ibérique est considéré comme un prédateur spécialisé et ses préférences en matière de proies présentent peu de variations géographiques ou saisonnières. Lorsque les lapins européens sont rares, les proies alternatives sont constituées de petits vertébrés, notamment des rongeurs (Rodentia) et du lièvre européen (Lepus granatensis). Ils consomment également des oiseaux, notamment la perdrix à pattes rouges (Alectoris rufa), des canards et des oies, et sont connus pour s'attaquer occasionnellement à des ongulés juvéniles tels que le cerf élaphe (Cervus elaphus), le daim (Dama dama) et le mouflon (Ovis musimon).

Reproduction

Le lynx ibérique Lynx pardinus atteint la maturité sexuelle vers l'âge d'un an, bien que les femelles ne se reproduisent qu'une fois qu'elles ont obtenu leur propre territoire. L'oestrus culmine en janvier, mais les femelles peuvent réentrer en oestrus si la gestation est interrompue ou si elles perdent une portée prématurément. Les femelles donnent naissance au maximum à une portée par an, mais ne se reproduisent que si leur habitat est de qualité suffisante. Le taux de reproduction moyen d'une femelle individuelle est de 0,8 portée par an. La gestation dure de 63 à 73 jours et la plupart des naissances ont lieu entre mars et avril. Les portées comptent entre 2 et 4 chatons, avec une moyenne de 3. Les chatons sont semi- nidicoles à la naissance et, dans la plupart des cas, seuls 2 petits survivent au sevrage, qui a lieu 10 semaines après la naissance. Le lynx ibérique est indépendant vers 7 à 8 mois.

La saison de reproduction du lynx ibérique a lieu de janvier à juillet et constitue le seul moment où les mâles et les femelles interagissent. Les territoires de reproduction des mâles adultes chevauchent généralement ceux de plusieurs femelles. Les mâles défendent leurs territoires contre les mâles rivaux et peuvent potentiellement se reproduire avec toute femelle partageant une partie de son territoire. Les interactions agressives sur les droits d'accouplement sont rares; cependant, les populations à haute densité connaissent généralement des taux plus élevés d'interactions intrasexuelles agressives que les populations à faible densité, et peuvent parfois entraîner la mort.

Avant de mettre bas, la femelle lynx ibérique localise une structure naturelle isolée qui sert de tanière natale à sa progéniture. Souvent, les femelles établissent des tanières dans de grands creux d'arbres; cependant, les grottes rocheuses, les tas de rochers, les tanières au sol ou les terriers de lapins qui ont été agrandis par un autre animal, comme un blaireau, sont également des sites de tanière potentiels.

Les chatons lynx ibériques naissent semi-altriciaux. En conséquence, ils ont un mauvais contrôle de la thermorégulation et sont vulnérables à la prédation. En donnant naissance dans un petit espace (par exemple, le creux d'un arbre), les femelles adultes maintiennent leurs chatons étroitement regroupés, ce qui les protège des pertes de chaleur et des prédateurs. Les chatons restent dans leur tanière natale pendant près de vingt jours jusqu'à ce qu'ils deviennent trop grands et trop mobiles pour l'espace confiné. Les lynx femelles déplacent leurs petits entre une série de tanières auxiliaires, généralement sous des buissons ou dans des broussailles denses, et occupent chacune pendant une période décroissante jusqu'à ce que les chatons puissent accompagner leur mère à la chasse. Le déplacement fréquent de la tanière est une adaptation comportementale courante chez les félidés qui diminue la charge d'ectoparasites et réduit le risque de prédation. La sélection de la tanière est influencée par l'abondance des proies,

Les chatons lynx ibériques allaitent jusqu'à l'âge de 10 semaines; cependant, ils commencent à consommer les proies capturées par leur mère après 1 mois. Pendant la période de mise bas, les mères passent la majeure partie de la journée dans ou autour de la tanière, se reposant pendant les heures les plus chaudes et chassant pendant la période plus fraîche du crépuscule. Comme beaucoup de félidés, les chatons lynx ibériques commencent à développer leur motricité fine vers l'âge de deux mois. À la même époque, ils quittent occasionnellement leur tanière pour accompagner leur mère lors de sorties et commencer à développer leurs compétences de chasse. À l'âge de sept mois, les lynx juvéniles passent environ 60 % de leur temps avec leur mère et vivront de manière indépendante sur leur territoire natal jusqu'à atteindre leur maturité reproductive et à se disperser.

Taxonomie de l'espèce

Le taxon valide complet avec auteur de cet animal est : Lynx pardinus (Temminck, 1827). L'espèce a été classée à l'origine sous le protonyme Felis pardina par Temminck en 1827.
En français, l'espèce porte le nom vernaculaire ou normalisé (nom commun) de : Lynx pardelle ibérique.
En anglais, l'espèce est communément appelée : Iberian lynx.

Suggestions d'espèces

Lynx lynx (Lynx boréal d'Eurasie, Lynx commun)

Lynx canadensis (Lynx du Canada)

Lynx rufus (Lynx roux, Lynx américain)

Acinonyx jubatus (Guépard)

Felis catus (Chat domestique, Chat européen)

Felis silvestris (Chat sauvage européen, Chat forestier)

Compléments utiles

Le lynx ibérique est l'une des deux espèces carnivores endémiques d'Europe (l'autre étant le vison européen, Mustela lutreola). Leur aire de répartition historique est limitée à la péninsule ibérique, principalement à la région sud-ouest de l'Espagne et à une grande partie du Portugal. Bien qu'ils étaient autrefois répandus dans toute la région, leur aire de répartition géographique s'est réduite à un rythme alarmant au cours du siècle et demi dernier. Il y a un siècle, l'espèce était encore présente dans le nord de la péninsule ibérique et maintenait des densités relativement élevées dans le sud. En cinquante ans, ils avaient presque disparu dans le nord et déclinaient rapidement dans le sud. La période de déclin la plus significative s'est déroulée entre 1960 et 1990, au cours de laquelle leur aire de répartition s'est contractée de près de 80 %. Actuellement, ils occupent environ 2 % de leur aire de répartition d'origine.

En 1988, une étude a estimé qu'il y avait environ 880 à 1 150 lynx ibériques adultes vivant dans neuf populations réparties dans une aire de répartition très fragmentée. Une enquête plus récente, publiée en 2008, montre que le nombre de lynx est bien inférieur aux estimations précédentes. La présence du lynx ibérique n'a pu être confirmée que dans le quart sud-ouest de la péninsule ibérique, et les estimations de population suggèrent qu'il y a entre 475 et 680 adultes vivant dans cinq populations différentes dans toute la région. Actuellement, la plus grande concentration de lynx vit dans le parc national de Donana (1 500 km²), où ils sont fortement protégés. Même si le lynx ibérique était autrefois commun au Portugal, on pense aujourd'hui qu'il a complètement disparu du pays. Leur présence au Portugal n'a pas été confirmée depuis janvier 1992.

🚩 Sous des densités de population typiques (0,08 adultes/km^2), le lynx ibérique est polygame. Dans les habitats les plus riches en proies du nord du parc national Donana, la densité de population est beaucoup plus élevée (0,8 adultes/km²). Cette population est proche de sa capacité d'accueil et le nombre total de territoires propices est faible, augmentant ainsi la compétition intrasexuelle. En conséquence, les mâles sont obligés de disposer de territoires plus petits et plus faciles à défendre contre les mâles rivaux. Dans ces circonstances uniques, les mâles concentrent leurs efforts sur la défense d'un accès exclusif à une seule femelle, ce qui aboutit à la monogamie.

⭐ Le lynx ibérique était autrefois considéré comme nuisible et aurait un impact négatif important sur l'industrie du petit gibier. En conséquence, le gouvernement espagnol accordait des primes pour leurs carcasses et, lorsqu'elles étaient plus abondantes, ils étaient chassés pour leur fourrure. Cependant, la diminution de l'abondance du lynx a probablement nui à l'industrie du petit gibier en augmentant la prévalence de la myxomatose et de la maladie hémorragique du lapin, deux maladies qui affectent négativement les lapins européens.