Stichopus chloronotus, l'holothurie verte

Présentation

L'holothurie verte Stichopus chloronotus vit dans la région Indo-Pacifique, principalement sur et autour des récifs coralliens. Bien que les concombres de mer se soient avérés avoir une diversité de couleurs, S. chloronotus varie généralement d'une couleur vert foncé à noire avec des rangées de courtes papilles à pointe orange ou rouge sur ses côtés.

Stichopus chloronotus = Holothurie verte

Description

Stichopus chloronotus est coloré dans les tons verts foncés; un autre critère d'identification de ce concombre de mer est que le corps présente un aspect velouté, il est doté de quatre rangées de papilles dont la taille est comprise entre 1 et 2 cm; la pointe de chacune de ces papilles est marquée d'une petite tache de couleur orange. Les holothuries vertes dépassent 25 cm et peuvent atteindre une trentaine de cm (voir 50 cm pour quelques spécimens). L'espèce présente une livrée caractéristique qui exclut toute confusion.

Stichopus chloronotus

Paramètres

Le biotope de Stichopus chloronotus montre qu'elle est implantée dès la zone de surface, à faible profondeur, le plus souvent sur fond dur. Généralement, les sujets sont observés sur le platier du récif ou dans la lagune des récifs coralliens, en évitant autant que possible les sols meubles sableux (contrairement à beaucoup de concombres de mer).

⛔ L'acclimatation en aquarium n'est pas souhaitée en raison de la taille atteinte par les sujets.

Comportement

Afin de se protéger des prédateurs, de nombreuses holothuries, dont Stichopus chloronotus, ont développé des toxines dans leur corps. Cette toxine, appelée holothurine, est une saponine et est utilisée depuis longtemps par les insulaires du Pacifique Sud pour capturer les poissons de marée. Cette toxine se trouve souvent dans la paroi corporelle de l'organisme, plus précisément dans les tubules de Cuvier. Les tubules de Cuvier sont de longs organes collants attachés aux arbres respiratoires de certaines espèces d'holothuries, et lorsqu'elles sont menacées, elles tirent les tubules de Cuvier de son anus, emmêlant le coupable dans un désordre collant et le tuant éventuellement avec les saponines présentes dans les tubules. Bien que les tubes de Cuvier soient trouvés chez de nombreux holoturiens, ils ne sont pas trouvés chez Stichopus chloronotus. Malgré ce manque, les toxines des saponines se trouvent toujours dans sa paroi corporelle et sont hautement toxiques pour les poissons prédateurs. Malheureusement, les saponines ont peu ou pas d'effet sur les organismes tels que les crustacés.

D'ailleurs, les protections par toxines ne suffisent pas pour empêcher certains poissons "d'habiter" son anus et son coelome. Ainsi, le poisson-perle Encheliophis homei vit dans une holothurie, faisant de cette relation l'une des plus bizarres de la nature.

Alimentation

Les holothuries vertes sont des détritivores et se nourrissent de particules flottant dans leur environnement ou de particules trouvées dans les sédiments du fond des océans. Elles se nourrissent généralement d'organismes microscopiques, tels que le plancton, les microalgues et les débris organiques. Les holothuries ont développé deux stratégies d'alimentation afin de filtrer une si petite source de nourriture. Le premier est l'alimentation en suspension qui oblige l'organisme suspensivore à filtrer les particules de l'eau qui l'entoure. Pour ce faire, l'organisme utilise ses tentacules ou extensions de son podia.

Étant donné que Stichopus chloronotus passe la majorité de sa vie au fond de l'océan avec sa bouche tournée vers le bas, l'holothurie verte utilise une autre stratégie d'alimentation connue sous le nom d'alimentation de déposivore.

Cette stratégie nécessite de "pelleter" les sédiments dans sa bouche, en utilisant les tentacules situés autour de sa bouche. Elle digère ensuite la matière organique du reste du sédiment, et après que la matière organique a été retirée du tube digestif, le sédiment restant est ensuite expulsé de l'extrémité postérieure de l'organisme. On a dit que cette forme d'alimentation aidait au recyclage des sédiments sur le fond de l'océan, quelque peu comparable à ce qu'un ver de terre fait pour le sol dans un environnement terrestre. Afin de distribuer les nutriments absorbés par le tractus intestinal, l'organisme possède un système de canaux et de sinus appelé système sanguin lacunaire ou hémal (appareil péri-hémal).

Reproduction

L'espèce Stichopus chloronotus est une espèce dioïque, ce qui signifie que les parties reproductrices mâles et femelles sont contenues dans des individus séparés; cependant, les deux sexes ne peuvent être déterminés par des caractéristiques externes.

Pour la reproduction sexuée dans les holothuries, il existe une seule gonade située vers la partie antérieure du coelome. Dans la gonade résident une ou deux touffes de tubules. Stichopus chloronotus a deux touffes de tubules, une de chaque côté du mésentère. Les tubules s'ouvrent dans un gonoducte qui mène à un gonopore, ou orifice génital, situé sur le dessus de l'organisme légèrement derrière les tentacules. Ce pore est où les gamètes sont libérés pendant le frai. Pendant le frai, l'holothurie soulève son extrémité antérieure verticalement du sol tout en laissant l'extrémité postérieure sur le sol. Lorsque les gamètes sont libérés, ils sont expulsés de l'orifice génital dans un flux continu, ressemblant quelque peu à un mince fil blanc. Ce processus de frai n'a lieu que deux fois par an, généralement entre la mi-novembre et la fin janvier, tous deux pendant les saisons chaudes de la région Indo-Pacifique. Après l'expulsion des gamètes, la fécondation a lieu à l'extérieur dans l'eau. Après environ trois jours de développement, l'embryon devient une larve nageant librement. Finalement, la larve se développe en un juvénile avec des tentacules et des podia.

Non seulement cette espèce de concombre de mer est capable de produire sexuellement, mais elle est capable, comme quelques autres espèces de la famille Stichopodidae, d'effectuer une reproduction asexuée. La reproduction asexuée est effectuée par le biais du processus de fission transverse. Chez la plupart des espèces d'holothuries capables de se reproduire de manière asexuée, une méthode est utilisée où les extrémités antérieure et postérieure de l'organisme tournent dans des directions opposées. Après un certain temps, les deux extrémités se déplacent lentement dans des directions différentes, provoquant finalement la déchirure de la paroi corporelle et la division de l'organisme en deux individus distincts.

Cependant, Stichopus chloronotus utilise une méthode différente de fission transverse pour se diviser. Plus précisément, l'organisme commence par créer une constriction au centre de son corps. Alors que la région postérieure de son corps reste statique, l'extrémité antérieure commence à avancer. Cela se traduit par une constriction plus intense au centre du corps. Au fur et à mesure que l'extrémité antérieure s'éloigne de la partie postérieure, la constriction au centre, ou site de fission, commence à se transformer en presque rien d'autre qu'une substance semblable à un fluide. Suite à cela, les deux moitiés se séparent facilement. Basé sur une étude, l'ensemble de ce processus ne prend que quelques minutes. Après la fission, il faut environ une journée pour que le tissu du site de fission guérisse. La paroi corporelle de Stichopus chloronotus est un tissu conjonctif, très fin et fluide. On pense que ce tissu conjonctif est la raison pour laquelle il est possible pour Stichopus chloronotus de subir une fission transverse plus facilement que d'autres espèces capables du phénomène.

En outre,on pense que ce tissu contribue également au rétablissement rapide dont Stichopus chloronotus est capable après la fission (ou après autotomie). La fission transversale intervient généralement pendant les périodes fraîches de l'année (vers juin dans la région Indo-Pacifique) et on pense également qu'elle se déroule principalement la nuit.

Taxonomie de l'espèce

Le taxon valide complet avec auteur de cet animal est : Stichopus chloronotus Brandt, 1835 (qui est aussi son protonyme).
En français, l'espèce porte le nom vernaculaire ou normalisé (nom commun) de : Holothurie verte.
En anglais, l'espèce est communément appelée : Greenfish sea cucumber.

Suggestions d'espèces

Stichopus variegatus (Holothurie ponctuée)

Stichopus horrens (Holothurie verruqueuse)

Thelenota ananas (Holothurie ananas)

Holothuria hilla (Concombre de mer tamiseur)

Holothuria edulis (Holothurie rose)

Holothuria scabra (Bêche de mer)

Compléments utiles

Dans la région Indo-Pacifique, ces holothuries sont utilisées comme nourriture et pour leurs propriétés médicinales. Tous les concombres de mer de cette espèce sont souvent appelés "Trepang" par les Chinois, ou bêche de mer dans d'autres régions. L'holothurie est récoltée pour les marchés de la région Indo-Pacifique depuis plus de mille ans. Cette forte demande d'échinoderme a conduit à de nombreux cas de surpêche et a commencé à inquiéter beaucoup au sujet des populations restantes.