Carassius carassius, le carassin commun
Présentation
Le carassin commun Carassius carassius, du même genre que le poisson rouge, est répandu avec une large distribution, mais l'extirpation progressive et continue dans de nombreux plans d'eau, en particulier dans le bassin du Danube et en Europe centrale, pour des raisons inconnues, fragilise l'espèce. Le carassin est soupçonné d'être en compétition et en concurrence avec Carassius gibelio introduits dans les habitats du carassin commun.
Carassius carassius = Carassin commun
Description
Le carassin Carassius carassius n'est pas une carpe : on ne voit aucun barbillon en dessous de la bouche, il faut donc éviter de qualifier ce poisson "carpe lune". Mais des appellations comme carouche ou gibèle sont parfois entendues localement.
En France, dont notre carassin est natif et bien présent dans le Sud de l'hexagone, l'espèce s'hybride facilement avec C. gibelio (ou C. auratus gibelio selon les sources). La ressemblance, tant morphométrique que génétique, entre le poisson rouge sous sa forme sauvage (jaune doré) et le carassin commun amènent plusieurs auteurs à considérer que le poisson rouge a des gènes communs de C. carassius et C. gibelio. Nous rappelons ici que La recherche génétique a montré que le poisson rouge vient en fait de la "carpe prussienne" Carassius gibelio et non de Carassius auratus auratus !
Il existe toutefois plusieurs différences entre C. carassius et C. auratus gibelio car le nombre d'écailles au niveau de la ligne latérale est de 33 et 31, les jeunes carassins communs ont systématiquement une tache noire au niveau de l'accroche du pédoncule caudal mais la tache n'apparaît jamais chez les jeunes poissons rouges. La morphologie de la tête est également légèrement différente, en particulier pour la forme du nez.
L'origine géographique vient également confondre la possibilité que carassius soit directement l'ancêtre du poisson rouge car l'espèce est absente d'Asie. La vaste étendue de l'aire de répartition géographique inclut pourtant tout le nord de l'Europe, la zone continentale de la mer du Nord, de la mer Baltique (jusqu'à une latitude de 66 ° Nord), de la mer Blanche, la mer de Barents, les bassins de la mer Noire et Caspienne, le bassin de la mer Égée et la présence du poisson va vers l'est jusqu'à au fleuve Kolyma en Sibérie, et vers l'ouest de l'Europe jusqu'aux bassins du Rhin et dans l'est de l'Angleterre. Toutefois, le carassin commun est Absent de la Mer du Nord en Suède et en Norvège.
Quelques chiffres sur le carassin commun :
- L'espérance de vie est longue, estimée à 10 ans en moyenne mais peut probablement dépasser 15 ans.
- Le carassin est un cyprinidé de taille moyenne, généralement d'environ 15 cm de longueur du corps (LS), et dépasse rarement 1,5 kg en poids, mais il est fait état d'un record de longueur maximum à 54,0 cm (et non 64 cm comme on le lit souvent) avec un mâle, et le record de poids est de 3 kilogrammes ! La prise de spécimen atypique a été réalisé aux Pays-Bas.
- Recherché par les pêcheurs sportifs, le record le plus récent considéré comme fiable revient à un anglais, Martin Bowler, par pêche à la canne avec un spécimen qui pesait 2,1 kg dans un lac du sud de l'Angleterre en 2003. Il arrive que certaines prises en pêche sportive dépassent ces valeurs mais il a toujours été démontré qu'il s'agissait systématiquement d'hybrides Carassius gibelio x carassius.
La possession de poissons en aquarium requiert une approche éthique et responsable pour respecter les animaux.
L'acquisition de poissons comme Carassius carassius pour maintenance en aquarium ne doit pas se faire sur un coup de tête (achat impulsif). Il est essentiel de s'informer sur les besoins spécifiques des espèces (qualité eau, dimensions aquarium, comportement, alimentation). Seuls les poissons ayant des exigences similaires en matière de qualité d'eau devraient être maintenus ensemble dans un même aquarium.
Paramètres
L'habitat du carassin commun comprend les lacs, les étangs et les cours d'eau lents, et le poisson est particulièrement tolérant quant aux conditions du biotope, acceptant des températures allant de 0 à 25 °C, en optant pour une température de 18 à 20 °C pour la reproduction. Le pH est relativement peu important, pouvant tout autant être de 6,0 que de 8,0. Les dureté totale et dureté carbonatée n'ont aucun intérêt et l'espèce supporte même une maintenance en milieu saumâtre sur plusieurs semaines. Toutefois, en conditions acides avec un pH < 6,8, on augmentera l'oxygénation de l'eau afin d'éviter un trop gros travail des branchies.
Le carassin est capable de survivre dans l'eau presque complètement gelée ou des habitats presque à sec en s'enfonçant dans la boue.
Les espèces du genre Carassius présentent des adaptations physiologiques remarquables à leur environnement. Par exemple, dans des conditions entièrement anoxiques pendant l'hiver, Carassius carassius peut survivre pendant de longues périodes par une respiration anaérobie, avec l'éthanol comme principal produit métabolique final, un évènement physiologique très rare chez les vertébrés.
Pendant l'été, les poissons peuvent également survivre dans des conditions anaérobies par cette voie métabolique, bien que dans une mesure beaucoup plus limitée, le phénotype d'hiver peut supporter la fermentation comme un substitut à la respiration pendant plusieurs semaines d'affilée. Expérimentalement, les poissons ont été maintenus dans des conditions anoxiques pendant 140 jours ! L'anoxie peut être plus longuement tolérée dans de l'eau froide, même à 0 °C, car des conditions plus froides abaissent le travail du métabolisme. La production d'alcool se produit principalement dans les tissus musculaires, mais aussi dans le foie, d'où le processus provient. De même, le poisson rouge peut aussi produire de l'alcool dans les tissus musculaires, mais dans une mesure beaucoup plus limitée, ce qui sépare à nouveau les deux espèces carassius et gibelio.
Expérimentalement, il a été démontré que le processus métabolique implique la production de pyruvate à partir de lactate, suivie d'une décarboxylation de l'acétaldéhyde qui est ensuite hydrogéné en éthanol comme produit final du métabolisme. A son tour, le poisson excrète en grande partie de l'éthanol dans l'eau plutôt que de l'accumuler jusque des niveaux toxiques dans ses tissus. L'excrétion de lactate en quantités importantes n'est pas commune, ni un phénomène métabolique souhaitable, mais l'excrétion de l'éthanol ne pose pas de problèmes métaboliques graves. Cet éviction métabolique évite l'accumulation fatale des acides, produits finaux en anaérobie de la glycolyse.
Comportement
La carassin commun est un piètre concurrent face à d'autres espèces et généralement, il est absent des eaux avec une ichtyofaune riche et abondante d'espèces prédatrices. En l'absence d'autres espèces de poissons, il devient très abondant.
Alimentation
Le carassin se nourrit principalement de crustacés et de plantes aquatiques.
Reproduction
Le carassin atteint la maturité sexuelle entre 2 à 4 ans, les mâles plus tôt que les femelles. Les mâles se reproduisent pour la première fois à trois ans, les femelles vers quatre ans dans le centre et l'est de l'Europe, à deux ans dans le sud de l'Europe. La saison de reproduction commence en Mai et dure jusqu'à environ Juin/Juillet en Europe à des températures supérieures à 18 °C.
La reproduction a lieu dans des biotopes avec une végétation submergée dense. Les femelles pondent individuellement avec plusieurs mâles. Les mâles suivent les femelles matures, souvent avec beaucoup d'ébats frénétiques puis les femelles pondent 3 à 5 fois durant la saison. Les oeufs sont collants et sont attachés aux feuilles de plantes aquatiques.
Les femelles pondent plusieurs fois pendant la période de frai et la ponte en eau peu profonde, avec une végétation dense, peut donner 130 000–2 5 0000 (!) oeufs par femelle : ils éclosent après 4–8 jours après. Les juvéniles sont omnivores, se nourrissent toute la journée mais surtout la nuit sur le plancton, les invertébrés benthiques, le matériel végétal et les détritus.
Taxonomie de l'espèce
Le taxon valide complet avec auteur de cet animal est : Carassius carassius (Linnaeus, 1758). L'espèce a été classée à l'origine sous le protonyme Cyprinus carassius par Linnaeus en 1758.
En français, l'espèce porte le nom vernaculaire ou normalisé (nom commun) de : Carassin commun.
En anglais, l'espèce est communément appelée : Crucian carp.
Règne: | Animalia |
---|---|
Phylum: | Chordata |
Classe: | Actinopterygii |
Ordre: | Cypriniformes |
Sous-Ordre: | Cyprinoidei |
Famille: | Cyprinidae |
Sous-famille: | Cyprininae |
[*] Genre: | Carassius |
Espèce: | carassius |
Nom scientifique: | Carassius carassius |
Descripteur: | Linnaeus |
Année de description: | 1758 |
Protonyme: | Cyprinus carassius |
Synonymes: | Carassius humilis, Carassius vulgaris, Cyprinus carassius, Cyprinus charax, Cyprinus moles |
Noms communs: | (fr) Carassin commun (en) Crucian carp |
Habitat naturel: | Europe centrale |
---|---|
Continent d'origine: | Europe |
Abondance: | Courant |
Maintenance: | facile |
---|---|
Pour aquariophile: | confirmé |
Nombre d'individus: | 1 ou plus |
Volume: | 1500 litres |
Taille: | 25,0 à 64,0 cm |
pH: | 6,0 à 8,0 |
Dureté GH: | 1 à 30 |
Type de reproduction: | Ovipare (ovulipare) |
Couvée: | 150000 oeufs |
Espérance de vie: | 7 à 10 ans |
[*] Une taxonomie scientifique avec classification plus développée existe dans le genre carassius du taxon carassius carassius.
Genre Carassius : les carassins du genre Carassius comptent cinq espèces dont le poisson rouge. Ces poissons ont une distribution eurasienne, apparemment d'origine plus à l'Ouest que les carpes typiques du genre Cyprinus. Les carassins se distinguent des carpes facilement par l'absence de barbillons sous la bouche.
Famille Cyprinidae : les cyprinidés de la famille Cyprinidae sont des poissons osseux d'eau douce intégrant la carpe commune, les carpes chinoises carpes herbivores, à grosse tête, argentées et les carpes indiennes catla, mrigal et rohu, les vairons, les ablettes...
Ordre Cypriniformes : les poissons d'eau douce Cypriniformes constituent un ordre de poissons à nageoires rayonnées, qui inclut les carpes, dont les poissons rouges, les koïs, les barbus, les vairons, les loches et apparentées. Cet ordre contient plus de dix familles...
Classe Actinopterygii : la classe Actinopterygii, les Actinoptérygiens, est celle des poissons à nageoires rayonnées. C'est le plus grand groupe de poissons, mais aussi le plus réussi. Il représente la moitié de tous les vertébrés vivants. Alors que l'actinoptérygien...