Aiptasia pallida, l'anémone de verre

Présentation

L'anémone de verre Aiptasia pallida, ou Exaiptasia pallida, est une anémone de mer originaire de l'océan Atlantique Central-Ouest, de la mer des Caraïbes au golfe du Mexique. Les anémones de verres sont considérées comme des pestes, une espèce nuisible, en aquarium d'eau de mer, surtout en aquarium récifal dans lesquels leurs tentacules brûlent les coraux durs adjacents. Les anémones de verre ont plusieurs prédateurs naturels (nudibranches, crevettes et poissons) qui permettent de contrôler leur expansion.

Aiptasia pallida = Anémone de verre

Description

La bouche de l'anémone Aiptasia pallida est entourée de jusqu'à 96 longs tentacules. Quelques-uns de ces tentacules sont plus longs et sont entrecoupés de plusieurs plus petits. Le milieu de la colonne est entouré de deux rangées de cinclides, à travers lesquelles l'acontie peut faire saillie. La colonne est mince et translucide brunâtre à blanchâtre. ⭐ Les cinclides sont perforations permanentes ou temporaires de la paroi du corps colonnaire qui permettent l'extrusion d'eau ou d'acontie.

Les confusions d'identification sont possibles, surtout sur des spécimens jeunes. L'anémone de mer Exaiptasia pallida ressemble à l'anémone fantôme, Diadumene leucolena. Cependant, D. leucolena n'a que 40 à 60 tentacules effilés de taille égale et de crêtes verticales dans la colonne. L'espèce peut aussi facilement être confondue avec Aiptasia mutabilis d'origine méditerranéenne et Atlantique Est. Pallida est plus transparente, quoique un peu brune, que Mutabilis.

Une anémone de verre Exaiptasia pallida :

La hauteur moyenne d'Aiptasia pallida est de 2,5 cm, avec un diamètre de disque d'environ 1 cm. Dans les conditions idéales de mi-ombre en eau peu profonde, les tentacules d'une anémone peuvent s'étendre sur 8 cm du disque buccal.

La couleur brune d'A. pallida est causée par une algue symbiotique, Symbiodinium minutum (très proche de Symbiodinium microadriaticum), vivant dans les tissus de l'anémone. Ces cellules d'algues microscopiques sont connues collectivement avec des espèces similaires sous le nom de zooxanthelles. Les zooxanthelles obtiennent leur couleur grâce à un pigment brun appelé fucoxanthine, qui masque la coloration verte de la chlorophylle.

✅ Les poissons de la famille des poissons-limes (Monacanthidae) sont connus pour leur intérêt à l'encontre des petites anémones de la famille Aiptasiidae. L'espèce reconnue par les amateurs en aquarium est Acreichthys tomentosus. Seuls les poissons adultes (à l'âge de 18 mois ou 2 ans) sont véritablement prédateurs des plus petits spécimens d'Aiptasias. Les poissons marins du genre Pervagor sont également efficaces, là encore avec la mise en garde vis-à-vis de l'âge des poissons.

✅ Les meilleurs prédateurs d'Aiptasias en contrôle naturel sont des nudibranches, des limaces de mer et surtout les espèces Spurilla neapolitana et Berghia verrucicornis. D'autres espèces (indigènes de la même zone d'occurrence que A. pallida) sont : Berghia coerulescens et Berghia stephanieae, mais elles ne sont pas disponible dans le commerce aquariophile. Si ces limaces de mer sont les meilleures prédatrices pour éradiquer (ou au moins largement diminuer) les anémones de verre, leur régime alimentaire très spécifique pose problème pour une maintenance à long terme. En cas d'absence de petites anémones de verre, elles devront être nourries avec ces dernières ou elles risquent d'attaquer sans discernement d'autres polypes, y compris ceux de Zoanthidés ou même de coraux durs. ⭐ Les nudibranches qui se nourrissent de ces anémones acquièrent de leurs proies des nématocystes piqueurs qui sont censés dissuader les prédateurs. En conséquence, les nudibranches développent souvent une coloration brune dans leurs cerata en se nourrissant d'A. pallida.

✅ Les crevettes du genre Lysmata sont des prédatrices des anémones de verre. Les espèces anti-Aiptasias sont : Lysmata jundalini (certainement la meilleure de toutes), Lysmata kuekenthali, Lysmata pederseni, Lysmata rathbunae, Lysmata seticaudata et Lysmata wurdemanni.

🚩 La lutte contre le fléau récifal que représente Aiptasia pallida n'est jamais gagné avec les crevettes : voir pourquoi les crevettes Lysmata ne mangent pas forcément d'Aiptasia. Voir aussi une page sur comment lutter contre les Aiptasias.

Écologie

Les anémones de verre sont souvent considérées comme indestructibles par les récifalistes, à leur grand malheur. Ces petites anémones de mer supportent des conditions extraordinaires en dehors de l'eau de mer "standard": eau douce, températures extrêmes (froides, jusque 5 °C, et chaudes, jusque 34 °C).

L'anémone de verre est présente sur toute la côte Atlantique des États-Unis, du Maine à la Floride, à travers le golfe du Mexique et dans les Caraïbes. Les individus se trouvent dans divers habitats, des mangroves aux zones rocheuses peu profondes.

Les anémones de verre sont prédatrices de zooplancton. Les proies telles que les micro-poissons et les crevettes sont tirées dans l'ouverture buccale par les tentacules, la nourriture est digérée dans la "cavité gastrovasculaire" en forme d'estomac, et les restes sont éjectés par la même ouverture.

Reproduction

Les anémones de verre, gonochoriques et hermaphrodites, se reproduisent de façon sexuée et asexuée. C'est cette double stratégie reproductrice qui en font "LE" fléau des aquariums marins.

⛔ Si la reproduction sexuée n'a lieu que deux fois par an, elle conduit à une véritable explosion, une prolifération "exponentielle", du nombre d'individus. Si ce phénomène intervient dans un aquarium, il est condamné ! La reproduction asexuée, notamment par scissiparité (fragmentation), a lieu toute l'année, tout le temps et de petits groupes de quelques Aiptasias se forment. Sans intervention, même manuelle, la multiplication se poursuit, augmentant, jour après jour, le nombre d'individus.

Au cours du cycle de vie, les gamètes matures sont rejetés dans le coelenteron et engendrés par la bouche. Ensuite, le zygote se transforme en larve planctonique de planula. La métamorphose commence par la morphogenèse précoce des tentacules, des septa et du pharynx avant l'installation larvaire à l'extrémité aborale. Les planulas se déposent sur de nombreux types de substrats et se développent en de nouvelles anémones de mer.

Taxonomie de l'espèce

Le taxon valide complet avec auteur de cet animal est : Aiptasia pallida (Agassiz in Verrill, 1864). L'espèce a été classée à l'origine sous le protonyme Dysactis pallida par Agassiz in Verrill en 1864.
En français, l'espèce porte le nom vernaculaire ou normalisé (nom commun) de : Anémone de verre.
En anglais, l'espèce est communément appelée : Glass anemone.

Suggestions d'espèces

Aiptasia couchii

Aiptasia tagetes (Anémone pâle)

Anemonia manjano (Majano)

Actinia equina (Anémone-tomate, Actinie chevaline)

Stichodactyla tapetum (Anémone-tapette)

Condylactis gigantea (Anémone géante des Caraïbes, Passiflora)

Compléments utiles

L'anémone de verre est formellement l'espèce Exaiptasia diaphana selon WORMS (World Register of Marine species) et l'ICZN (International Code of Zoological nomenclature). Longtemps connue comme Aiptasia pallida, elle a préalablement été transférée dans le genre monotypique (étant la seule espèce) Exaiptasia sous le taxon Exaiptasia pallida, mais l'ICZN a considéré que l'épithète diaphana avait la priorité historique (opinion 2404). Ensuite, l'ICZN est revenu sur cette décision (opinion 3790).

Le genre Exaiptasia étant monospécifique, décision a été prise de laisser l'appellation la plus connue depuis des décennies par les aquariophiles : Aiptasia pallida.

✅ L'espèce est également célèbre car elle a été choisie par les scientifiques comme organisme modèle d'étude dans leurs efforts pour comprendre le problème du blanchissement des coraux. Le blanchiment des coraux se produit lorsque des conditions stressantes de température, de lumière ou de nutriments poussent les coraux à expulser les algues symbiotiques vivant dans leurs tissus, les faisant devenir complètement blanches. Sans les algues, le corail finit par mourir.