Acrida ungarica, la truxale occitane

Présentation

Acrida ungarica, la truxale, est un criquet silencieux à tête conique répandu dans l'Europe méditerranéenne. L'espèce, phytophage, mesure de 3 à 6 cm, avec des antennes ensiformes formant comme une longue truelle. En France, la truxale occitane est visible des Pyrénées-Orientales aux Alpes-maritimes, avec la plus grande population vers l'Ardèche (ouest du Rhône).

Acrida ungarica = Truxale occitane

Description

La truxale Acrida ungarica, typique de la tribu Acridini, a un corps élancé, mesurant entre 30 et 60 mm de longueur. Son trait le plus distinctif est une tête allongée avec des yeux positionnés au sommet. Les antennes sont en forme d'épée, larges à la base et effilées en pointe. Quand les deux sont réunies, elles semblent former une pelle ou une truelle, mais elles n'ont pas cette fonction.

La truxale occitane présente des coloris saisonniers, qui vont du vert au brun (pour s'adapter plus ou moins aux couleurs dominantes de leur environnement). Avec son corps élancé, cela améliore son camouflage dans la végétation. Les espèces de sauterelles et criquets ont tendance à être moins sensibles à la prédation dans les zones les plus similaires à leurs microhabitats naturellement choisis. Voir plus de détails sur le polymorphisme de couleur intraspécifique en fin de page dans la partie Compléments utiles.

Acrida ungarica, la truxale :

Chez la truxale, les pattes postérieures sont longues et étroites. Puissantes, elles lui permettent de sauter et d'échapper rapidement aux prédateurs. Les ailes allongées sont repliées le long de son dos lorsqu'elles ne sont pas utilisées.

Il peut être difficile de distinguer A. ungarica de A. turrita qui ont une partie de leur distribution géographique en commun. L'une des différences clés est la position du sillon typique sur le pronotum : approximativement au milieu du pronotum chez A. ungarica, et nettement après le milieu du pronotum chez A. turrita.

Écologie

La truxale Acrida ungarica est présent dans le sud et le centre de l'Europe, y compris dans les péninsules ibérique, apennine et balkanique ainsi que dans les îles méditerranéennes (Corse) jusqu'à Chypre et jusqu'à la Russie européenne à l'est. Sa limite nord de répartition se situe en Autriche et en Slovaquie. La population de l'espèce dans les pays méditerranéens est encore importante.

Il s'agit d'une espèce de prairie, qui se rencontre dans les habitats secs et chauds riches en herbes, les garrigues, les dunes et les friches, principalement à basse altitude. Dans la partie nord de son aire de répartition, l'espèce ne se rencontre que dans les dunes de sable bien préservées.

Le régime alimentaire est strictement phytophage, ne consommant que des parties de plantes. La truxale se nourrit généralement tôt le matin et en fin d'après-midi, évitant les moments les plus chauds de la journée.

Les adultes sont observés jusqu'en novembre en Corse. L'espèce passe vraisemblablement l'hiver sous forme d'oeufs en diapause. Pour les espèces d'acridiens de régions tempérées, la diapause hivernale dure généralement de 3 à 5 mois (novembre à mars), selon les conditions environnementales. Acrida ungarica apparaît à l'état adulte assez tard, entre juillet ou août et octobre/novembre.

Reproduction

Comme la plupart des espèces d'acridiens en région méditerranéenne, A. ungarica a probablement une seule génération par an. La période de reproduction se situe en été, permettant aux oeufs d'éclore et aux larves de se développer pendant la saison chaude. Les femelles (plus grandes que les mâles) pondent vraisemblablement leurs oeufs dans le sol à la fin de l'été ou au début de l'automne. Avant la ponte, les adultes accumulent probablement des réserves énergétiques sous forme de lipides pour produire des oeufs résistants au froid. La ponte et l'entrée en diapause des oeufs sont vraisemblablement déclenchées par des signaux environnementaux comme la diminution de la photopériode et la baisse des températures.

La croissance maximale de la végétation dans l'habitat typique des truxales intervient au printemps (avril-mai), ce qui pourrait correspondre à des périodes favorables pour les éclosions.

Taxonomie de l'espèce

Le taxon valide complet avec auteur de cet animal est : Acrida ungarica (Herbst, 4786). L'espèce a été classée à l'origine sous le protonyme Truxalis ungaricus par Herbst en 4786.
En français, l'espèce porte le nom vernaculaire ou normalisé (nom commun) de : Truxale occitane.
En anglais, l'espèce est communément appelée : Cone-headed grasshopper.

Suggestions d'espèces

Acrida turrita

Acheta domestica (Grillon domestique)

Saga pedo (Magicienne dentelée)

Gryllus campestris (Grillon champêtre)

Chironomus plumosus (Ver de vase, chironome)

Goliathus goliatus (Scarabée goliath)

Compléments utiles

Le polymorphisme de couleur intraspécifique fournit un camouflage cryptique contre les prédateurs dans des habitats hétérogènes. L'espèce d'orthoptère Acrida ungarica possède deux formes de couleur bien différenciées : marron et vert et présente plusieurs motifs de coloration perturbateurs dans chaque forme pour améliorer le cryptisme.

Il existe une relation entre les caractéristiques de l'environnement de fond et la proportion des deux formes et l'intensité des motifs de coloration perturbateurs chez A. ungarica. Comme les deux sexes sont très distincts en ce qui concerne la masse et la longueur, la relation est distincte pour chaque sexe.

Conformément à l'hypothèse de correspondance de fond pour les deux sexes, la forme brune est en proportion plus élevée dans les sites avec un environnement à dominante brune, et les morphes vertes sont en proportion plus élevée dans les environnements à dominante verte. Globalement, les individus des sites plus secs et de l'année la plus sèche présentent également des motifs de coloration perturbateurs plus intenses, et les morphes brunes et les femelles sont également plus rayées. Les motifs de couleur diffèrent largement entre les populations et sont significativement corrélés aux caractéristiques environnementales pertinentes. Même si A. ungarica est un spécialiste polymorphe, la coloration disruptive semble néanmoins présenter de forts avantages, notamment dans certains habitats. De plus, les femelles étant plus grandes, elles sont moins capables de fuir, ce qui pourrait expliquer la différence entre les sexes.