Pelvicachromis taeniatus

Présentation

Le nom du cichlidé Pelvicachromis taeniatus fait allusion, d'une part à la forme des nageoires pelviennes, c'est-à-dire pointues chez le mâle, arrondies chez la femelle et, d'autre part, à l'ancien nom générique Pelmatochromis. Le nom d'espèce signifie "orné de bandes". Le nom Pelvica-chromis proposé par Thys van den Audenaerde en 1968.

Pelvicachromis taeniatus

Description

La validité de l'appellation de l'espèce Pelvicachromis taeniatus est largement débattue par Thys van den Audenaerde, ainsi que les problèmes que posent sa synonymie. Ajoutons cependant que les rares aquariophiles qui disposent de quelques spécimens de cette espèce, la connaissent surtout sous le nom de Pelmatochromis klugei. L'appellation Pelvicachromis camerunensis est parfois citée mais, depuis octobre 2014, le taxon Pelvicachromis kribensis est redevenu une espèce à part !

La femelle ne mesurait que, au maximum, 7,2 cm tandis que la taille du mâle, nettement supérieure à celle de la femelle, atteint 9 cm (comme c'est aussi le cas pour P. pulcher et P. subocellatus).

L'origine et le biotope reste flou et peu d'informations concernant la distribution géographique et les biotopes fréquentés par Pelvicachromis taeniatus circulent ! Selon Thys van den Audenaerde (1968), l'espèce a été décrite à partir d'individus qui provenaient du Nigeria inférieur. Elle serait répandue dans cette zone, ainsi que dans la région inférieure du Cameroun.

Corps élancé modérément allongé et peu comprimé latéralement, le profil supérieur de la tête est beaucoup plus convexe que le profil inférieur. Thys van den Audenaerde (1968) relève les caractères suivants : présence d'un diverticule au plafond de la cavité pharyngienne, branchiospines lancéolées, absence de microbranchiospines. La nageoire caudale est arrondie chez les deux sexes. Présence d'une coloration argentée sur la dorsale. Seize rangées d'écailles au niveau du pédoncule caudal.

A ces caractères brièvement résumés, nous ajouterons que si la nageoire caudale des mâles est effectivement arrondie, ce qui diffère quelque peu de la plupart des autres espèces de Pelvicachromis, il n'en est pas moins vrai que sa coloration est fort asymétrique : la moitié supérieure de cette nageoire est en effet tachetée de noir et de jaune, tandis que la partie inférieure montre des taches noires très nombreuses, de petites dimensions, ainsi qu'une double frange jaune, bordée extérieurement de noir. Par ailleurs, s'il est exact que la nageoire dorsale du mâle possède quelques reflets argentés, ceux-ci n'ont rien de comparable à la coloration argentée très brillante de la femelle. A notre avis, la coloration argentée de la nageoire dorsale du mâle ne mérite guère d'être mentionnée comme caractère distinctif. Enfin, aux caractères déjà cités, nous ajouterons que la femelle présente des ventrales arrondies tandis que les nageoires ventrales du mâle sont pointues.

Le dimorphisme sexuel est très prononcé. Non seulement le mâle est plus grand que la femelle, mais en outre des différences morphologiques sont observées au niveau des nageoires. L'anale, la nageoire dorsale et les ventrales se terminent en pointe et sont beaucoup plus allongées chez le mâle. C'est cependant au niveau des patrons de coloration que le dimorphisme sexuel est le plus marqué.

À l'exception d'une livrée marbrée, de couleur terne, qui caractérise les Poissons lorsqu'ils sont très effrayés, capturés, maintenus dans des conditions de stabulation précaires ou encore quand ils dorment, la gamme des livrées de Pelvicachromis taeniatus se réduit à deux qui caractérisent les femelles (livrée de type B) et les mâles (livrée de type A). Bien entendu, au sein d'un même type de livrée, plusieurs variantes sont possibles.

Sans entrer plus avant dans le détail de ces diverses livrées, nous attirons cependant l'attention sur les structures noires qui forment, sur chaque flanc, une double ligne longitudinale. Une de celle-ci est nettement dorsale et s'étend à la base de la nageoire dorsale en formant une zone continue avec sa symétrique de l'autre face. La seconde part au dessus de la lèvre supérieure (bande frontale), passe par l'oeil et s'étend longitudinalement jusqu'au centre du pédoncule caudal. En outre, on observe une seconde petite bande frontale noire entre les yeux. Ces structures noires sont toujours présentes chez les femelles, mais peuvent disparaître complètement chez les mâles lorsqu'ils sont territoriaux et dominants. En fait, ces lignes longitudinales noires sont absentes chez l'animal dominant, mais semblent être très marquées chez les mâles dominés et ceci d'autant plus qu'ils occupent un niveau hiérarchique inférieur.

La possession de poissons en aquarium requiert une approche éthique et responsable pour respecter les animaux.
L'acquisition de poissons pour maintenance en aquarium ne doit pas se faire sur un coup de tête (achat impulsif). Il est essentiel de s'informer sur les besoins spécifiques des espèces (qualité eau, dimensions aquarium, comportement, alimentat). Seuls les poissons ayant des exigences similaires en matière de qualité d'eau devraient être maintenus ensemble dans un même aquarium.

Paramètres

Pour les facteurs physico-chimiques, les Pelvicachromis taeniatus possédés ont été tenus à une température de 26 à 26,2 °C. Cependant, des baisses volontaires et progressives jusqu'à 22 °C, (maintien pendant 4 jours) n'ont pas semblé affecter particulièrement les deux mâles qui y ont été soumis.
Incontestablement, l'espèce demande un pH acide, intermédiaire entre 6 et 7, et une dureté faible. Pendant toute la durée de nos observations le pH est resté voisin de 6,6 - 6,8, tandis que la dureté était maintenue en dessous de 100 français. L'eau de pluie filtrée et l'eau provenant de rivières à pH légèrement acide semblent bien convenir.

Comportement

L'espèce se développe bien dans un aquarium mis en place pour reproduire un biotope naturel. Le comportement et la compatibilité avec des cohabitants sont typiques du genre.

Alimentation

En l'absence d'informations sur le régime alimentaire de l'espèce dans la nature, nous ne pouvons qu'indiquer l'alimentation qui semble lui convenir le mieux en aquarium. Les spécimens qui ont été conservés à l'Aquarium de l'Université de liège apprécient un régime de daphnies, d'artémia et de petits crustacés marins congelés. Les tubifex et vers de vase sont nettement moins appréciés. Signalons que les individus des générations F1 et suivantes se sont parfaitement adaptés à un régime comprenant une part importante d'aliments secs, alors que les spécimens-souche ne semblaient guère l'apprécier.

Le préférendum alimentaire de Pelvicachromis taeniatus en aquarium semble donc indiquer que l'espèce se comporte dans la nature comme P. subocellatus et P. pulcher, c'est-à-dire qu'elle a un régime polyphage à tendance entomophage.

Signalons enfin que certains poissons mordillent les parties tendres de divers végétaux.

Reproduction

Le comportement de reproduction est très semblable à celui que nous avons décrit chez P. pulcher et P. subocellatus. La surface disponible sur le fond de l'aquarium est morcelée en territoires de tailles relativement importantes, défendus chacun par un mâle. Les femelles occupent des territoires plus petits, au sein même de ceux des mâles. Il semble que les territoires des mâles et des femelles puissent avoir des fonctions très différentes. Chez le mâle, le territoire a pour objet l'acquisition et la défense d'un site de ponte. Chez la femelle, par contre, il semble que la principale fonction du territoire soit l'acquisition d'une place prépondérante auprès d'un partenaire de reproduction. Dès la formation du couple, les deux territoires se juxtaposent et les autres Poissons sont refoulés.

La parade sexuelle est conduite par la femelle qui effectue des séries de mouvements expressifs et prend des attitudes caractéristiques qui exhibent les structures colorées à caractère sexuel (ventre mauve notamment).

La ponte s'effectue "à la renverse" au plafond d'une cavité ou d'une anfractuosité très dissimulée, en dessous d'une pierre ou d'une souche par exemple. Dès que les opérations de ponte sont terminées, la femelle assure la ventilation et le nettoyage des oeufs, mais elle constitue aussi une sorte de remblai de sable qui obture partiellement les entrées de ce que nous pensons devoir appeler une "chambre de ponte".

L'éclosion survient deux jours après la ponte, mais il faudra attendre encore cinq jours pour que les alevins parviennent au stade de nage libre. Ils sont alors étroitement surveillés par la femelle et par le mâle qui se relaient au-dessus de la masse des jeunes animaux.

La ponte la plus importante que nous ayons obtenue comptait 54 oeufs, mais au stade de nage libre, les alevins sont généralement très peu nombreux. Il est curieux de constater que si les pontes comportent très peu d'oeufs (moins que chez les autres espèces), ces derniers sont en outre relativement volumineux, puisqu'ils mesurent 1,6 mm selon le grand axe et 1,2 mm selon le petit.

Taxonomie de l'espèce

Le taxon valide complet avec auteur de cet animal est : Pelvicachromis taeniatus (Boulenger, 1901). L'espèce a été classée à l'origine sous le protonyme Pelmatochromis taeniatus par Boulenger en 1901.
En anglais, l'espèce est communément appelée : Bone Back.

Suggestions d'espèces

Pelvicachromis pulcher (Pelmato)

Pelvicachromis kribensis

Pelvicachromis sacrimontis (Pelmato vert, Kribensis géant)

Pelvicachromis subocellatus

Pelvicachromis silviae

Pelvicachromis drachenfelsi

Compléments utiles

✅ Pelvicachromis taeniatus présente une caractéristique d'appariement rare observée chez les animaux : les poissons de la population de Moliwe sont porteurs d'une consanguinité active. S'ils ont le choix de s'accoupler avec des frères et soeurs ou avec des poissons indépendants, ils choisissent généralement un frère ou une soeur en tant que partenaire. Les mâles passent plus de temps à garder le nid lors de l'accouplement d'un frère que les mâles d'une paire de poissons sans lien de parenté. L'avantage de cette consanguinité est que les deux partenaires partagent un matériel génétique et chacun d'eux peut transmettre à la progéniture plus de gènes que ne le ferait un poisson sans lien de parenté. Bien que ce comportement entraîne généralement des conséquences négatives pour la progéniture, P. taeniatus ne présente aucun signe de dépression de consanguinité.

Lors d'expériences en captivité, une dépendance des efforts de soins de reproduction des parents a montré l'état nutritionnel de la progéniture. En règle générale, avec la croissance de la couvée, l'effort d'allaitement des animaux parents diminue. Ceci est d'autant plus prononcé que la progéniture est faible, mieux nourrie et que la progéniture plus importante est fournie plus longtemps. Les auteurs de l'étude expliquent la négligence antérieure envers la progéniture plus faible et la réduction des coûts pour les animaux parents, qui peuvent ainsi investir davantage d'énergie dans la progéniture future.