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San Benedicto: un Paradis pour les Diables (Mantas)!

La Raie Manta, ou Diable de Mer:

La raie manta, ou aussi le Diable de mer, est comptabilisée parmi les monstres marins; elle peut en effet dépasser les 7 m d'envergure et approcher les 3 tonnes ! Ce poisson cartilagineux a une bouche terminale, contrairement aux requins et aux raies, auxquels il est apparenté et chez lesquels elle est ventrale.

Cette Grande Mante, appelée aussi Raie cornue, n'est pas sans rappeler sa très belle cousine, la raie-aigle ou Raie-léopard, qui ne dépasse cependant pas les 2,5 m et les 200 Kg ! Cette dernière se distingue également par la présence de 5 éperons à la base d'une queue flexible dont la longueur est tout à fait étonnante, alors que chez la Mante, la queue est beaucoup plus courte, plus rigide et ne possède pas d'éperons.

Raie Manta dans l'eau
Une grand raie manta dans son élément le plus naturel, l'eau de la mer.

Le mot "Manta", en Espagnol, signifie "couverture", allusion aux immenses nageoires pectorales triangulaires de Manta birostris. Ces nageoires forment, en quelque sorte, deux ailes et simulent une couverture susceptible, selon la légende, d'envelopper un pêcheur de perles et de l'emporter au large avant de le dévorer.

À chaque coin de la bouche une "corne céphalique" formée par une extension des pectorales et rappelant les cornes du diable, lui a valu son nom commun de "Diable de Mer", mais aussi son nom latin Manta birostris (= couverture à deux rostres).

La Raie Manta n'est pas non plus sans rappeler une gigantesque Chauve-souris d'où les noms communs de chauve-souris des Mers et de Raie-vampire, également utilisés.

Ce "monstre marin", tout comme l'énorme requin-baleine Rhincodon typus, est en fait totalement inoffensif, sauf pour le plancton et les petites proies (crustacés comme le krill, alevins, petits poissons...) dont il se régale, les "cornes" lui servant en quelque sorte d'épuisette, ou de "main" (mais aussi sans doute de stabilisateur), pour diriger les proies vers la bouche. La mâchoire inférieure est pourvues de petites dents aplaties et les branchies sont équipées d'une sorte de tamis, bien ajusté, retenant et accumulant la nourriture jusqu'à ce qu'elle soit avalée.

La Raie Manta vit en solitaire ou en couple, parfois aussi en petits groupes évoluant de façon très nonchalante, nageant (on devrait plutôt dire planant), avec une extrême élégance, évoquant le gracieux vol d'un bel et grand oiseau à dos noir et ventre blanc... Elle est pélagique et se rencontre le plus souvent près, voire très près de la surface (contrairement aux autres Raies qui sont benthiques et vivent donc de préférence sur le fond),  laissant parfois émerger les extrémités de ses pectorales, ce qui peut faire croire à la présence d'ailerons de Requins (ou de dauphins). En fait, on la rencontre surtout, là ou il y a du plancton !

Elle peut, le cas échéant, effectuer des bonds hors de l'eau, jusqu'à 2m de hauteur, retombant à la surface dans un "fracas étourdissant, rappelant un impressionnant coup de tonnerre ou coup de canon, susceptible d'être entendu à des kilomètres à la ronde"! Gare, alors, aux éventuels parasites, notamment copépodes, qui la démangent,  mais aussi...  aux petites embarcations qui se trouveraient, par inadvertance, sur sa trajectoire !

La Raie Manta est du type vivipare aplacentaire, c'est à dire que la femelle incube l'oeuf dans son utérus et alimente  son foetus grâce à une sécrétion de la muqueuse, une sorte de "lait utérin"; il n'y a cependant ni placenta ni cordon ombilical, à l'inverse des vivipares vrais. La fécondation a lieu "ventre à ventre", le mâle, lors de la copulation, utilisant alternativement ses deux myxoptérygies ou ptérygopodes, (lobes ou appendices copulateurs, une annexe des nageoires pelviennes). Un seul "petit", qui dépasse déjà le mètre et les 10 kg à la naissance, rarement des jumeaux, voient le jour après 13 mois de gestation. Des naissances ont été observées lors de sauts hors de l'eau ! le jeune étant, au moment de l'expulsion, enroulé dans ses nageoires qu'il étale avant de retomber dans la mer ! Une mise-bas pour le moins originale !

Même solitaire, la Raie Manta n'est jamais seule, mais accompagnée par une kyrielle de poissons pilotes et autre Rémoras...

Elle semble jouir d'une excellente vue et... d'une irrépressible curiosité... à l'égard des plongeurs qui peuvent l'approcher (ou qu'elle approche facilement), à moins de 2 m, peut-être plus intriguée par les bulles que par le plongeur proprement dit !

La Raie Manta peut quitter la haute mer pour se diriger vers des récifs coralliens, en quête de stations de soins à Hirondelles de Mer (labre nettoyeur Labroides dimidiatus), girelle-paon bigarrée (Thalassoma amblycephalum, voir le genre Thalassoma), gobie des Caraïbes (Elacatinus oceanops), poisson-ange de Clarion Holacanthus clarionensis et autres nettoyeurs selon le cas et le lieu, moment idéal pour la filmer ou la photographier !

La famille (Mobulidae), compte une vingtaine d'espèces et sous espèces, toutes en océan tropical ou subtropical, mais pas en océan Austral ! Et force est de constater que le Diable de Mer a son Paradis... dans le Pacifique : l'île San Benedicto.

En surface, ce "Paradis" est, en fait, une île aride et désertique qui fait partie de l'Archipel de Revillagigedo, situé au large du Mexique (720 à 900 km selon les îles), pays auquel il appartient, et de la basse Californie (386 km au Sud Ouest et à 30 heures de bateau de Cabo San LUCAs). La moitié de l'île ne date en fait que de 1952–1953, suite à l'éruption du "Barcena", ce qui explique qu'elle est quasiment vierge et reste encore totalement inaccessible.

L'archipel entier, d'origine volcanique, est réputé pour son écosystème sous-marin tout a fait remarquable et dont les spécificités lui a valu le surnom de "petites Galapagos du Mexique". Il est, en fait, composé de trois îles principales : Socorro (la plus grande avec 132 km2 qui possède une base aérienne depuis 1957 et culmine au Mont Evermann à 1 130 m), Clarion (27 km2) et San Benedicto (10 km2) et d'un îlot, Roca Partida, de 0,003 km2.

Pour visiter ce Paradis des Diables, il faut donc plonger ! C'est, en effet, la grande faune pélagique qui fait la réputation de l'Archipel en général et de San Benedicto en particulier, l'île la plus proche des côtes mexicaines. Très protégée, comme l'ensemble de l'Archipel, son accès n'est autorisé que de Novembre à Juin et sous conditions draconiennes, généralement à bord du "M/V Nautilus exploreur": Raies Manta géantes, mais aussi Requins Gris, soyeux, Marteaux ou Pointes blanches, Dauphins, barracudas, marlins, Thons, tortues, voire Baleines à bosses, orques... et autre mérous géants, font le bonheur des plongeurs !

C'est à Alexis Demenkoff que nous devons l'image du "monstrueux Diable de mer", qui accompagne ce texte ; elle est extraite d'un film, tourné en 2006, par l'intéressé, à San Benedicto, avec une caméra numérique Haute Définition, dans le cadre d'une expédition. Ce film fera l'objet d'une présentation, également en HD, au Palais des Congrès de Nancy, lors du prochain Nancy Tropical, un festival d'images, le 24 octobre 2008 !

Depuis 2011, il existe une seconde espèce de Raie Manta avec Manta alfredi.

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Article publié le 27/08/2007 par les Auteurs AquaPortail (mis à jour le 22/04/2020).