Labeotropheus fuelleborni, le mbuna bleu
Présentation
Labeotropheus fuelleborni, le mbuna bleu, est un cichlidé du lac Malawi dont la longueur peut atteindre 12 cm en milieu naturel. Le nom d'espèce, fuelleborni, rend honneur au Dr. Fuelleborn, sergent de l'armée allemande, géographe du Malawi.
Labeotropheus fuelleborni = Mbuna bleu
Description
Au premier abord, Labeotropheus fuelleborni ressemble beaucoup à L. trewavasae et, dans la nature, ces deux espèces de poissons sont intimement mêlés. Le corps est cependant moins allongé, plus trapu, et les mâles ne possèdent pas le liseré rouge à la base de la dorsale; leurs flancs portent 6 à 8 fasciatures (bandes) transversales bleu foncé qui se détachent sur un fond bleu plus ou moins clair selon l'état physiologique. En période de reproduction, le contraste est particulièrement saisissant entre les bandes foncées et le reste du corps.
Les femelles sont polymorphes et l'élevage et la reproduction des deux formes ne diffèrent pas. La forme rayée présente les mêmes dessins que les mâles, mais avec des coloris plus ternes, tirant sur le gris vert. La forme tachetée ou mouchetée, présente une ponctuation faite de taches jaune-orangé et brun foncé.
La variété Labeotropheus fuelleborni artatorostris :
Une des caractéristiques essentielles des Labeotropheus est la configuration particulière de la bouche, en position ventrale et en forme de fer à cheval. Elle est garnie de nombreuses dents bifides ou trifides et permet à l'animal de racler facilement les algues sur les parois rocheuses, le corps restant parallèle au substrat.
Labeotropheus fuelleborni fait partie d'un groupe de Cichlidés endémiques du Malawi à incubation buccopharyngienne (incubation buccale), les Mbunas. EN fonction du patron de coloration très varié de l'espèce, il existe de nombreuses variantes précisant à la fois la couleur et l'origine géographique stricte.
indigène qui désigne un ensemble de poissons de petite taille vivant dans la zone littorale peu profonde et consommés par les riverains autochtones. Depuis les travaux de Fryer, il désigne également une association écologique à laquelle appartient notre L. fuelleborni.
"Mbuna" est un vocableLa possession de poissons en aquarium requiert une approche éthique et responsable pour respecter les animaux.
L'acquisition de poissons pour maintenance en aquarium ne doit pas se faire sur un coup de tête (achat impulsif). Il est essentiel de s'informer sur les besoins spécifiques des espèces (qualité eau, dimensions aquarium, comportement, alimentat). Seuls les poissons ayant des exigences similaires en matière de qualité d'eau devraient être maintenus ensemble dans un même aquarium.
Paramètres
Les conditions d'élevage sont sensiblement identiques à celles de Labeotropheus trewavasae auquel on se référera.
La zone de prédilection des Mbunas est la côte rocheuse avec des pierres de forme et de nature variées (schistes micacés, blocs cristallins), couvertes d'algues, reposant le plus souvent sur un substrat formé de rocailles, de gros graviers et de sable. La lumière y est très intense, l'eau très pure, limpide et peu minéralisée (TH 7,9), la végétation abondante toute l'année, la température toujours supérieure à 22 °C (25–26 °C en moyenne).
Comportement
Les relations intraspécifiques sont bonnes hors de la période de ponte. Les relations interspéficiques sont également bonnes, toujours en dehors des frais.
Alimentation
Totalement omnivore en aquarium, Labeotropheus fuelleborni acceptera de nombreuses nourritures. Toutefois, ne pas oublier une portion végétale dans son menu.
Reproduction
Les femelles prêtes à pondre ont l'abdomen légèrement gonflé et la papille génitale proéminente. Cette proéminence se manifeste déjà 48 à 72 heures avant la ponte pour atteindre environ 2 mm. Elle n'est pratiquement pas visible chez les mâles. La maturité sexuelle des mâles provoque par contre chez ces derniers des modifications de coloris très nettes. Chez L. fuelleborni et L. trewavasae, des bandes transversales bleu foncé se détachent très nettement sur un fond bleu clair scintillant.
À l'approche d'une période de ponte, l'agressivité intraspécifique augmente. Les "combats de bouche" entre mâles de même espèce se font plus fréquents, tandis qu'apparaît une agressivité interspécifique. Des "combats de bouche" peuvent se manifester entre mâles d'espèces voisines, en particulier entre L. fuelleborni et L. trewavasae.
Un mâle L. fuelleborni, le Mbuna bleu :
Chez le mâle Labeotropheus fuelleborni et la femelle, la nageoire anale et la partie terminale de la dorsale sont ornées de deux ou trois taches jaune ou orange.
Dans un aquarium d'ensemble, les mâles défendent avec plus d'énergie encore leur territoire et y préparent activement une surface de ponte, soit en creusant avec la bouche une petite cavité dans le sable, soit en débarrassant très soigneusement une pierre plate de tous les grains de sable ou détritus qui ont pu s'y accumuler. Chaque mâle cherche à attirer la femelle prête à pondre sur son territoire en exécutant des mouvements très particuliers. Il quitte son territoire et nage très activement en direction de la femelle, effectue un crochet très violent devant elle, créant parfois une turbulence capable de soulever le sable du substrat, puis revient vers son territoire en une nage ondulante, caractéristique du mouvement pilote ou mouvement de conduite, la nageoire caudale en éventail. Si la femelle ne l'a pas suivi, il effectue une nouvelle tentative, non sans avoir pourchassé quelques intrus. Si la femelle répond à cette parade et suit le mâle sur son territoire, une seconde phase de la parade conduit généralement à la ponte. Très souvent, un court cérémonial de "poursuite à la queue" (Tail Chasing en anglais) mène rapidement aux mouvements particuliers de la ponte. Celle-ci est très généralement précédée par un certain nombre de mouvements de ponte "à blanc", au cours desquels aucun oeuf n'est émis, mais qui sont en tous points identiques à ceux de la ponte. Mâles et femelles décrivent une série de cercles, tantôt dextres, tantôt senestres. Ils présentent alternativement des attitudes identiques : pendant que l'un des partenaires décrit lentement un arc de cercle, le corps oblique légèrement arqué et animé de frémissements rapides, l'autre placé perpendiculairement touche légèrement des lèvres l'abdomen, au niveau de la papille génitale, ou la nageoire anale du premier. Le couple présente à ce moment une position en T très caractéristique. Ces mouvements de frémissements et d'attouchements en position T durent quelques secondes, puis les attitudes sont inversées. La ponte à lieu après quelques mouvements stériles : à chaque phase de frémissements, la femelle émet 1, ou le plus souvent 3 à 6 ovules, la papille génitale effleurant le substrat. Elle ramasse immédiatement les oeufs pondus avant de prendre la position et l'attitude qui étaient celles du mâle. Pour la fécondation des ovules, celui-ci émet sa laitance au cours d'une phase de frémissements en tous points identiques aux mouvements de la femelle. Celle-ci, par des attouchements au voisinage de la papille génitale du mâle, facilite la fécondation des oeufs qu'elle porte déjà dans sa bouche.
C'est ici qu'interviendraient en effet, selon W. Wickler, les taches de la nageoire anale du mâle qui ressemblent à s'y méprendre à des oeufs. Placés à proximité de l'orifice génital du mâle, ces leurres permettraient une meilleure fécondation des oeufs déjà en place dans la cavité buccopharyngienne de la femelle du fait que celle-ci chercherait à les ramasser.
La durée de la phase de ponte proprement dite n'excède généralement pas 2 à 3 minutes.
Lorsqu'on met en présence une femelle prête à pondre (abdomen gonflé, papille génitale proéminente) et un mâle dans un aquarium de ponte, celle-ci a lieu très généralement dans les minutes qui suivent et sans préparation du substrat. Si la femelle tarde à pondre, elle est pourchassée par le mâle. Aussi est-il préférable de la retirer et de la remettre en présence du mâle le lendemain, car elle risquerait d'être tuée.
Si la ponte a lieu sur un substrat imparfaitement nettoyé ou sur le sable, il arrive que la femelle ramasse, en même temps que les ovules, certains détritus, des grains de sable et parfois même des coquilles de physes. Ces corps étrangers peuvent évidemment occasionner des dommages aux oeufs lors de l'incubation; il est donc vivement conseillé de prévoir, dans les aquariums de ponte ou sur le territoire des mâles dans un aquarium d'ensemble, des surfaces planes (schistes par exemple).
Chez Labeotropheus fuelleborni, il est possible d'observer les mouvements de ponte et le dépôt des oeufs sur une paroi verticale (vitre arrière de l'aquarium) à laquelle les oeufs adhèrent. Une femelle isolée et prête à pondre peut émettre ses oeufs et commencer l'incubation en l'absence de tout partenaire. De même, deux femelles prêtes à pondre peuvent émettre leurs ovules au cours de mouvements de ponte identiques à ceux effectués par un mâle et une femelle. Les deux ramassent alors indifféremment les ovules non fécondés de l'une ou de l'autre. Dans ces deux cas, l'incubation ne dépasse pas 3 jours, les pseudo-oeufs n'étant pas fécondés. Enfin, un même mâle peut assurer la ponte et la fécondation de plusieurs femelles successivement et immédiatement. Il n'y a pas de notion de couple monogame. Des mouvements de ponte ont également pu être observés, en l'absence de mâle Labeotropheus fuelleborni, entre une femelle de cette espèce et un mâle Labeotropheus trewavasae. L'incubation n'a cependant pas été poursuivie au delà du troisième jour.
Le nombre des oeufs émis varie avec l'âge, la taille et surtout le poids de la femelle. Il est relativement faible pour les primipares et les femelles de petite taille, mais peut atteindre et même dépasser la quarantaine pour les femelles de 15 g et plus (maximum de 54 oeufs constaté pour Labeotropheus fuelleborni). Les oeufs sont piriformes et de couleur jaune. Leur taille et leur poids ne semblent guère varier de façon significative avec la taille de la femelle. Une légère variation de la taille et du poids peut être observée en fonction du nombre des oeufs pondus (taille et poids sont plus faibles lorsque les oeufs sont plus nombreux).
Taxonomie de l'espèce
Le taxon valide complet avec auteur de cet animal est : Labeotropheus fuelleborni Ahl, 1926 (qui est aussi son protonyme).
En français, l'espèce porte le nom vernaculaire ou normalisé (nom commun) de : Mbuna bleu.
En anglais, l'espèce est communément appelée : Blue Mbuna.
Règne: | Animalia |
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Phylum: | Chordata |
Classe: | Actinopterygii |
Ordre: | Cichliformes |
Sous-Ordre: | Labroidei |
Famille: | Cichlidae |
Sous-famille: | Pseudocrenilabrinae |
Tribu: | Haplochromini |
[*] Genre: | Labeotropheus |
Espèce: | fuelleborni |
Nom scientifique: | Labeotropheus fuelleborni |
Descripteur: | Ahl |
Année de description: | 1926 |
Protonyme: | Labeotropheus fuelleborni |
Synonymes: | Labeotropheus curvirostris |
Noms communs: | (fr) Mbuna bleu (en) Blue Mbuna |
Habitat naturel: | Lac Malawi |
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Continent d'origine: | Afrique de l'Est (Grands lacs) |
Abondance: | Courant |
Maintenance: | facile |
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Pour aquariophile: | débutant |
Nombre d'individus: | Trio-Harem |
Volume: | 300 litres |
Taille: | 10,0 à 12,0 cm |
pH: | 7,5 à 8,5 |
Dureté GH: | 10 à 20 |
Température: | 22 à 27 °C |
Type de reproduction: | Ovipare (incubateur buccal) |
Couvée: | 20 à 40 oeufs |
Espérance de vie: | 6 à 8 ans |
[*] Une taxonomie scientifique avec classification plus développée existe dans le genre labeotropheus du taxon labeotropheus fuelleborni.
Genre Labeotropheus : les poissons du genre Labeotropheus sont des cichlidés mbunas, endémiques du lac Malawi sur le rift de l'Afrique de l'Est. Ces poissons sont inféodés au biotope des côtes rocheuses où ils trouvent leur alimentation, le périphyton. Les espèces de Labeotropheus ont une caractéristique remarquable...
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Suggestions d'espèces
Compléments utiles
Comme pour Bedotia geayi, la publication de la présente fiche, dans le cadre des Bonus, a surtout un intérêt "historique". En effet, elle fut éditée pour la première fois en 1971, en supplément à La pisciculture Française, dont la section "aquariologie" devint, en 1974, la Revue Française d'Aquariologie, herpétologie (RFAH). Cette fiche est consacrée à l'une des nombreuses espèces de "Mbuna", dont la première importation réussie en Europe fut assurée par la Firme Aquarium Hambourg, fin 1964.
C'est Bernard France, alors Trésorier de l'AFA (Association Française des Aquariophiles, Paris) qui les ramena de Hambourg par avion en juin 1965 et fit don, au CAN (Cercle aquariophile de Nancy), à l'époque étroitement associé à l'AFA, de 3 paires de Melanochromis (=(Pseudotropheus) auratus et 2 paires de L. fuelleborni. Ces premiers Mbunas Nancéiens furent aussitôt présentés au public dans le Hall d'entrée du Musée de zoologie de Nancy, cadre de ce qui allait progressivement devenir l'Aquarium tropical de Nancy (puis le MAN =Muséum-Aquarium de Nancy), tel que l'on peut encore le visiter aujourd'hui.
Les descendants des premiers spécimens (deux mâles et deux femelles), transférés en 1971 dans la galerie Est de l'Aquarium tropical, ont ensuite été présentés dans le même aquarium jusqu'en 2000, se maintenant spontanément, de générations en générations.
Les lecteurs intéressés peuvent également se reporter, pour plus de détails, à un premier article de l'auteur, publié dans La Pisciculture Française (n ° 09, 1er trimestre 1966, p.14).
Page publiée le 15/06/2009 (mise à jour le 17/02/2025).