Acropora, guide de maintenance : bouturer des coraux durs SPS
La multiplication végétative par bouturage et fragmentation des coraux Acropora branchus
La constitution de boutures de coraux SPS est le plus simple moyen de propager une souche et de sauvegarder les coraux dans les océans en évitant leur prélèvement. S'il y a bien quelque chose d'assez simple et facile à effectuer avec les coraux durs SPS branchus comme les acroporas, c'est leur fragmentation pour bouturage; il suffit, en effet, de prélever correctement un morceau du corail, appelé pied-mère, pour obtenir un clone génétique et ainsi perpétuer l'espèce et sa souche.
Belle bouture du corail Acropora hoeksemai :
Une bouture du corail Acropora hoeksemai se replace facilement en aquarium récifal.
Le bac à boutures : une solution écologique de sauvegarde de l'environnement ?
Constituer un stock de boutures de coraux en aquarium récifal par les amateurs évite quelques opérations de casse en milieu naturel, dans le biotope, mais cela va également à l'encontre du métier des professionnels.
Nous, aquariophiles, nous plaignons régulièrement du manque de ceci, du manque de cela, mais personnellement, je remettrai également en cause le comportement de certains aquariophiles qui cherchent à gagner de l'argent en cultivant, comme un professionnel le ferait, des boutures en vue de les revendre ! J'assume mes propos et ils sont discutables, modérables et ils expriment seulement ma façon d'appréhender l'aquariophilie, au titre d'une philosophie aquariophile. Si l'amateur, le récifaliste débutant, cherche et tâtonne pour trouver des boutures de coraux à faible prix pour la sauvegarde, non pas dans un esprit idéaliste et écologique, mais purement financier et pécuniaire, cette contrainte économique oublie des acteurs, les pros, sans qui notre passion ne saurait exister : respectons-les d'abord, ils nous le rendent souvent. Un aquarium marin peut être pourvu d'un aquascape valable, comme avec des plantes aquatiques marines, mais en préférant le corail aux algues.
Bouturer par fragmentation un corail SPS branchu : méthode
Pour fragmenter une colonie d'Acropora, il est indispensable de se munir d'outils utiles, si possible de très bonne qualité et adaptés à l'environnement salé de l'eau de mer, en particulier très agressive avec les métaux ferreux : parfois, même l'inox peut finir par rouiller à la moindre "écorchure" de l'outil.
La première idée est de réaliser des boutures saines, sans quoi, la bouture ne persistera pas et nous aurons stressé et mis en danger le pied-mère inutilement. La multiplication artificielle des espèces d'Acropora est relativement simple à condition que les coraux soient en bonne santé et vivent dans un milieu adéquat. Pour cela, il faut prélever des boutures de la colonie mère qui sont fixées sur un nouveau substrat à l'aide de moyens appropriés comme la super-glu en gel la colle thermique appliquée avec un pistolet spécifique ou la résine époxyde (type HoldFast™) qui durcit sous l'eau.
Notre première interrogation concerne surtout comment réaliser une bouture saine ? En effet, des boutures non viables n'ont aucun intérêt ! Si plusieurs ouvrages relatent certaines parties de la phase de multiplication, ils restent souvent partiels, sans intégralement décrire le processus de bouturage de coraux. Les explications supplémentaires ici sont présumées apporter des réponses assez complètes, voir exhaustives.
La première opération consiste à sélectionner valablement le pied d'acropora à bouturer; il faut bien entendu un corail sain, en pleine forme et qui ne montre aucun signe de faiblesse et encore moins de détresse ! Ensuite, bien disposer le matériel minimum indispensable pour fragmenter, couper, coller, fixer, etc., le morceau de corail prélevé sur la colonie. Munissez-vous également de gants si le contact de l'eau de mer ou du mucus des coraux crée des désagréments (attention aux allergies !).
La réalisation de belles boutures relève de la création et c'est un art noble !
Réalisation de support à bouture : exemples.
Les supports pour boutures peuvent prendre diverses formes : un morceau de pierre vivante, un support acheté tout fait (en matières variées : plastique, ciment...), et tout matériau sur lequel peut se fixer un corail dur. Une solution économique consiste à fabriquer soi-même ses propres supports à bouture. Cette création est d'ailleurs d'une simplicité telle que si la première tentative échoue, un nouvel essai devrait être couronné de succès !
Préparez à l'avance vos ingrédients pour créer vos supports à bouture :
- du sable de corail (granulométrie fine, mais pas "sugar")
- du ciment blanc (prompt ou pas, cela importe peu)
- du film plastique (film alimentaire, sac congélation, sac à poisson, sac poubelle)
- de l'eau douce osmosée (non salée à température ambiante)
- optionnellement, de l'hydrogénocarbonate de Sodium (NaHCO3 en poudre)
Pour obtenir des galettes support, mélangez deux portions de sable de corail fin avec une portion de ciment, mélangez les deux ensembles et, en option, saupoudrez légèrement de carbonate de sodium, puis re-mélangez le tout. Ajoutez lentement de l'eau pour obtenir une pâte consistante, non liquide ! Si vous incorporez trop d'eau, la pâte devient trop liquide et perd de sa rugosité, va finir par prendre un aspect très lisse peu naturel. Finalement, moulez la pâte obtenue à la main, à la spatule ou à la grosse cuillère sur un support plastifié (de natures diverses : il ne doit pas coller au ciment) puis patientez une bonne journée pour obtenir un séchage complet.
Une fois le support bien sec, laissez-le tremper une journée dans de l'eau de mer fraîchement préparée; avec de l'eau neuve, tous les oligo-éléments du sel synthétique exploité seront présents. Les carbonates de sodium en surplus dans le support créé va s'amenuiser légèrement mais rester en concentration importante quand même : cela favorisera ultérieurement la reprise des boutures de SPS.
La fragmentation des anémones de mer
Les anémones de mer sont des coraux durs d'un point de vue phylogénique, mais leur bouturage n'a rien d'aussi simple que pour les coraux de type SPS comme décrits précédemment. Si la reproduction naturelle des anémones de mer existe régulièrement en aquarium marin bien entretenu, leur fragmentation est envisageable pour quelques espèces, y compris pour les grandes anémones de mer à poissons clowns, comme le très connu Nemo, le poisson-clown à 3 bandes.
La découpe d'une anémone de mer ne se pratique pas simplement ! Le geste est probablement mortel, létal, pour toute une variété d'espèces des anémones-coraux.
Vidéo de la culture d'espèces d'Acropora
Doit-on parler de culture ou d'élevage à propos des coraux ? Des définitions de la coralliculture et l'aquaculture semblent utiles.
Si les acroporas, animaux zooxanthellés qui utilise la chlorophylle avec la photosynthèse comme carburant biologie, sont parmi les principaux coraux constructeurs de récifs, ils n'en demeurent pas moins fragiles. Certaines expériences sur ce genre de corail en milieu océanique sont destinées à implanter à nouveau des coraux, des pans entiers de récifs coralliens, détruits par les cataclysmes tels que les tempêtes, les raz de marée type tsunami ou, malheureusement, le réchauffement climatique qui s'amplifie au delà de limites biologiques admissibles pour le maintient de coraux dans certaines zones.
Peut-on deviner ce qui stimule, inhibe ou modifie quantitativement certains processus biologiques sur cette vidéo ? L'observation accélérée du grossissement des boutures d'Acropora depuis quelques cm de polypes est exemplaire ! La vidéo montre la récolte puis le grossissement de plusieurs coraux, dont des Acropora. C'est un monde de couleur sur des tables de culture de boutures de coraux. La vidéo suivante montre diverses étapes de cueillette, de mise en culture puis diverses phases de grossissement. Les couleurs des Acropora changent au cours des saisons, des marées et évidemment de la météo générale. Les couleurs pastelles semblent s'atténuer avec le temps, mais pourquoi cette impression visuelle ?
C'est un peu l'histoire raccourcie d'un projet pilote aux îles Fidji, consistant à prélever des morceaux de coraux dans un récif corallien dévasté par les intempéries et cataclysmes naturels pour les faire renaître. La séquence ci-dessus est extraite du film "Paradis fragile", partie d'une série documentaire de la BBC intitulée "océan Pacifique sud".
Au tout début fût un cataclysme, un Tsunami dont les vagues déferlantes ont ravagé cette zone géographique des îles Fidji, si paradisiaques. Le prélèvement de petites branches pour bouturer les souches locales, puis la réimplantation de de ces mêmes boutures par l'homme vont permettre au récif de se reconstruire plus rapidement ! Un récif sans coraux perd ses occupants et toute la faune qui en dépend. Cette réintroduction de coraux suffisamment solides et gros pour directement accueillir des hôtes sans danger autorise un repeuplement en poissons aussi; cela implique une nouvelle vie pour les autochtones dont la dépendance au récif corallien est lourde.