Les ostracions: poisson-coffre et poisson-vache
De par le monde, une quarantaine d'espèces de poissons-coffres, réparties en 11 genres, sont recensées:Le poisson-coffre se caractérise par une carapace anguleuse ossifiée entourant la tête et le corps, d'où leur nom familier. Cet exosquelette peut comporter trois, quatre, voire jusqu'à cinq arêtes (en coupe transversale); la face ventrale est toujours plane.
Le nombre des arêtes, donc la forme du corps vu en coupe transversale, constitue un important repère de détermination du genre. Chez certaines espèces, ces arêtes sont parfois denticulées ou dotées d'un nombre spécifique de longues épines ou dards.
Un poisson-coffre jaune juvénile sans corne, donc pas un poisson-vache.
Chez les représentants du genre Lactoria, on observe des "cornes" en avant ou au-dessus des yeux, ce qui occasionne le nom commun de poisson-vache. La carapace est composée d'un nombre considérable de petites plaques ossifiées et hexagonales, jointives; seuls, de petits orifices y sont ménagés pour les nageoires, la gueule, les globes oculaires et l'anus.
À ces endroits, une peau, anastomosée à la carapace, assure la mobilité des nageoires, de la gueule et des globes oculaires. Les opercules, en revanche, sont immobiles, car soudés à la carapace. D'où des problèmes de renouvellement de l'eau à l'intérieur de la cavité branchiale, car c'est normalement la fonction première des opercules.
Le poisson-coffre Ostracion cubicus :
L'espèce Ostracion cubicus est communément appelée le "poisson-coffre jaune". La photo d'introduction montre un poisson-coffre jaune en morphe juvénile et vu de face.
En guise d'adaptation à la rigidité de leur exosquelette, les poissons-coffres peuvent relever et abaisser le plancher de la cavité buccale, à l'intérieur de leur carapace, à l'aide de vaisseaux lymphatiques emplis de fluides tissulaires : le plancher de la cavité buccale, en s'élevant et s'abaissant, assure les échanges d'eau indispensables à la respiration; une stimulation supplémentaire de ces échanges est apportée parle battement ininterrompu des petites nageoires pectorales, situées juste en arrière des ouvertures branchiales involuées.
La carapace, une fois desséchée, conserve sa forme : presque partout dans le monde, elle fait office de décoration. Cette particularité fait que de nombreuses espèces étaient déjà connues de la science dès les débuts de la systématique et de la cladistique.
La rigidité de l'exosquelette caparaçonné fait que la nage caractéristique des poissons-globes s'exprime particulièrement nettement chez les poissons-coffres : leur corps étant intégralement immobile, il ne joue aucun rôle, ni dans la propulsion, ni dans la gouverne du poisson.
Ce sont les ondulations animant les nageoires dorsale et anale qui, telles de petites hélices, assurent la propulsion. La nageoire caudale, qui se replie très en avant de part et d'autre du corps, ainsi que les nageoires pectorales, font office de gouvernes.
C'est pourquoi les évolutions des poissons-coffres font irrémédiablement penser au vol d'un hélicoptère : ils sont capables de manoeuvrer avec une étonnante précision pour se glisser à l'intérieur des failles les plus étroites du récif, de virer sur place, voire même de nager à-reculons. Mais en cas de danger, ils sont également capables de fuir avec une étonnante rapidité, la nageoire caudale, dans ces conditions d'exception, jouant un rôle propulsif.
Le poisson-coffre Ostracion meleagris :
L'espèce Ostracion meleagris est communément appelée le "poisson-coffre pintade".
Certaines espèces de poissons-coffres, en cas de danger ou de stress, réagissent en sécrétant une puissante toxine au niveau de l'épiderme : l'ostracitoxine, qui peut s'avérer mortelle pour d'autres poissons. Au-delà d'une certaine concentration, en aquarium par exemple, le poisson-coffre lui-même peut s'autointoxiquer et y succomber.
Le comportement de reproduction n'est connu avec précision que chez un nombre limité d'espèces. Les espèces qui ont fait l'objet de recherches se sont avérées polygames, les mâles s'octroyant un vaste territoire, aux limites strictement définies, et sur lequel vivent également des femelles, non territoriales, et des mâles subordonnés. Le frai, en revanche, a lieu en couples, au crépuscule.
Les poissons-coffres possèdent un régime alimentaire très diversifié, composé de toute sorte d'invertébrés et d'algues. Les espèces les plus modestes se prêtent plus particulièrement à l'acclimatation en aquarium et survivent bien.
Soigneusement acclimatés, ces poissons s'avèrent des hôtes captivants, source de satisfaction, sous réserve d'éviter de les associer à des espèces agressives qui les harcèleraient sans relâche. En pareil cas, ils sécrètent une toxine suffisamment puissante, la tétrodotoxine, pour intoxiquer tous les occupants d'un aquarium marin ainsi qu'eux-mêmes !
Le poisson-coffre Anoplocapros lenticularis :
Le sublime Anoplocapros lenticularis est une espèce admirée en aquarium, mais surtout en aquarium public en raison de sa rareté sur le marché du commerce aquariophile.