Les agents des maladies des poissons d'aquarium
Des poissons malades ? Voici comment identifier la maladie:Les maladies des poissons d'aquarium sont le reflet de mauvaises conditions physiologiques qui peuvent avoir deux causes. Une mauvaise qualité de l'environnement dans le milieu très artificiel dans lequel les poissons sont maintenus. Ce peut aussi être des attaques par des bioagresseurs, c'est-à-dire des organismes vivants.
La conduite à tenir n'est bien sûr pas du tout la même dans ces deux cas. Le bulletin de l'AFA publie souvent des conseils concernant la qualité de l'environnement dans un aquarium. Ici, la limite est fixée aux bioagresseurs aboutissant à une maladie.
Si les agents infectieux des maladies des poissons d'aquarium sont pour beaucoup visibles à l'oeil nu, certains sont microscopiques et ne peuvent pas être détectés visuellement.
Les bioagresseurs causant des maladies peuvent être classés en trois grandes catégories : virus, bactéries, parasites.
Voir aussi des informations utiles en rapport avec les maladies infectieuses ou- Pourquoi un poisson combattant reste immobile en fond d'aquarium.
- Les détails des maladies virales existant avec les poissons en aquarium.
- Ichthyophthirius multifiliis (responsable de nombre d'infections).
- Mycobacterium marinum (responsable de la tuberculose chez les poissons).
- Pleistophora hyphessobryconis (responsable de la maladie du poisson-Néon).
Les virus
Les virus ne sont visibles qu'au microscope électronique. Ils se multiplient à l'intérieur même des cellules du poisson et n'en sortent que lors de la phase contagieuse de la maladie. Très peu de maladies à virus ont été décrites chez les poissons d'aquarium. Il peut y avoir à cela deux raisons : d'une part un diagnostic de virose ne peut être établi que par un laboratoire très spécialisé, d'autre part les poissons atteints meurent très probablement avant d'arriver chez vous. Du point de vue de l'aquariophile amateur, cette situation est très favorable. En effet, il n'existe aucun agent thérapeutique efficace contre une maladie à virus.
Les bactéries
Les bactéries sont visibles au microscope à fort grossissement, mais il est souvent nécessaire de colorer la préparation. Certaines sont pathogènes; d'autres sont au contraire très utiles à la survie du poisson (par exemple en épurant l'eau de l'aquarium des composés nitrés apportés par un excès de nourriture); d'autres enfin sont inutiles mais parfaitement inoffensives. Identifier une bactérie, rechercher à laquelle de ces trois catégories elle appartient, et donc déterminer si elle est ou non responsable des symptômes anormaux présentés par un poisson est une spécialité à part entière, la bactériologie. On ne s'improvise pas bactériologiste. Or, s'il existe de nombreux produits permettant d'éliminer les bactéries d'un aquarium, ils ne doivent être utilisés qu'à bon escient, lorsque :
- l'agent pathogène a été identifié;
- sa sensibilité au traitement a été vérifiée.
Avec un agent pathogène identifié, il est possible de faire un diagnostic sur la simple observation des symptômes. De même que pour nous une forte fièvre indique seulement que nous sommes malades, sans autre précision, chez le poisson un "ventre creux", une nage désordonnée ou toute autre anomalie peuvent avoir des causes multiples. Si les troubles proviennent par exemple d'une mauvaise qualité de l'environnement, ils peuvent parfois être aggravés par un traitement antibactérien. Si ces troubles proviennent d'une contamination par un virus ou un parasite, le traitement antibactérien sera inefficace.
Avec une sensibilité au traitement vérifiée, la multiplication des traitements antibactériens tant en médecine humaine qu'en médecine vétérinaire sont apparus depuis quelques années des phénomènes de résistance à ces traitements. Vous en avez peut-être déjà entendu parler par votre médecin; cela peut également se produire dans votre aquarium. Un agent antibactérien tue les bactéries qui y sont sensibles; s'il y a dans la population de bactéries de votre aquarium des individus résistants, ils pourront alors proliférer sans contre-sélection et maintenir l'épidémie, contre laquelle vous serez ensuite désarmé à moins de changer d'antibactérien. Par contre si la sensibilité a été vérifiée au préalable (et cela peut se faire en laboratoire sur une culture de bactéries : c'est un antibiogramme lorsque l'agent antibactérien est un antibiotique) vous pouvez tuer d'un seul coup toutes les bactéries en traitant à bon escient.
À ce propos, je voudrais faire une remarque. Les "médicaments" pour poisson sont vendus généralement sous un simple "nom de marque" sans qu'il soit possible de vérifier leur composition. L'aquariophile n'a donc aucun moyen de savoir, lorsqu'il change de "marque", s'il change ou non réellement de produit. Pour la saison que je viens d'indiquer, cela me paraît pour le moins regrettable.
Les parasites
La parasitologie elle aussi est une spécialité à part entière tant est grande la variété des parasites. L'identification est cependant plus facile car un bon microscope suffit souvent pour établir une comparaison avec des dessins publiés. Le traitement n'en est pas pour autant plus aisé : par exemple certains parasites sont profondément enfouis dans le corps du poisson et inaccessibles au traitement qui ne peut alors qu'empêcher la propagation vers les poissons sains par l'intermédiaire de l'eau de l'aquarium !
En conclusion, quelle est la meilleure méthode pour conserver des poissons sains ? La prophylaxie. Cela signifie :
- Maintenir un environnement de bonne qualité.
- Mettre en quarantaine tout poisson, plante ou escargots nouveaux venus avant l'introduction dans un aquarium déjà peuplé.
- Il faut également se méfier des nourritures vivantes qui peuvent, elles aussi, transporter des bioagresseurs.
Pour ma part, je congèle toujours les vers de vase avant utilisation; mais d'une part mes poissons n'exigent pas que leur nourriture soit encore frétillante, d'autre part je n'ai pas de "témoins" (poissons identiques, maintenus dans des conditions identiques, mais nourris de vers venus tout droit de chez le revendeur). J'ignore donc si l'absence de contamination dans mes aquariums provient du fait que les bioagresseurs (parasites essentiellement, car la congélation, à -20 °C, ne détruit que partiellement les bactéries et virus) sont tués par la congélation... ou si je n'ai pas tout simplement un fournisseur sérieux ! Cela doit bien exister, quand même.