L'aquariophilie pour des aquariums modernes

Le genre Hygrophila parmi les plantes vu en 1984

À propos des Hygrophyla, une vue historique de 1984:

Le genre Hygrophila appartient à la grande famille des Acanthaceae et comprend environ 250 espèces. Elles sont principalement origi­naires des parties chaudes du globe. Dans le sud de l'Europe, on en trouve aussi quelques espèces, dont certaines sont magnifiquement utilisées sur les appuis de fenêtre. Pour la plupart, les hygrophiles sont des plantes de marais qui croissent sur la berge des ruisseaux et des rivières et ont besoin de la proximité de l'eau pour leur dévelop­pement.

Le mot "Hygrophila" signifie "qui aime l'eau" et c'est probablement grâce à ce caractère qu'environ cinq espèces sont connues en tant que plante d'aquarium. Ces espèces proviennent de l'Asie du Sud­-Est. Cependant, d'autres pourraient venir d'Afrique ou d'Amérique du Sud.

Hygrophila salicifolia
L'hygrophile à feuilles de saule Hygrophila salicifolia en aquarium.

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Hygrophila polysperma

L'espèce Hygrophila polysperma fut importée pour la première fois en 1950. Comme elle n'était absolument pas connue, elle reçut en Hollande le nom de "Belgisch groen", ce qui signifie "verdure de Belgique", vraisembla­blement parce qu'elle s'est répandue à partir de ce pays. Il apparût que la plante était excellente pour l'aquarium et pouvait très bien être utilisée en plantation groupée dans un des coins arrières des bacs.

C'est une plante qui devient très longue avec des tiges fines et un peu cassantes. Les feuilles vert clair au pétiole court mesurent 5 cm de longueur sur 1 cm de large et sont opposées et alternes sur la tige. Hygrophila polysperma est vivace en aquarium.

Schéma Hygrophila polysperma

En culture marécageuse, elle sort de l'eau et les feuilles deviennent plus courtes, plus larges et de couleur vert foncé. Lorsque la chaleur est suffisante et qu'elle reçoit beaucoup de lumière solaire, la tête de la plante produit des fleurs labiées très petites (6 mm) blanches à lilas clair, à 4 ou 5 sépales. Les fruits et les graines de ces petites fleurs situées à l'aisselle des feuilles sont bien sûr minuscules.

Hygrophila difformis

Quelques années après l'apparition d'Hygrophila polysperma, une seconde Hygrophila offrait ses services comme plante d'aquarium. On s'aperçut rapidement que cette espèce, qui a aussi reçu le nom fautif de synnema triflorum, était une plante extraordinaire pour l'aquarium.

Grâce à ses feuilles vertes très découpées, elle devint vite populaire et il n'existât bientôt plus de bac sans elle. Elle surclassa la fougère feuille de chêne (Ceratopteris thalictroïdes) qui possédait également des feuilles découpées, mais avait la propriété moins agréable de perdre ses feuilles après quelques temps et ne pouvait en outre être bouturée, ce qui était bien le cas de la difformis. Les boutures de cette dernière peuvent être plantées directement, sans aucune diffi­culté, et forment rapidement des racines. Grâce à sa structure foliaire particulière, elle se prête admirablement au contraste en étant plantée à côté d'espèces à feuilles pleines et d'une autre teinte.

La reproduction est d'autant plus facile que les parties bouturées forment à leur base des jeunes plants qui peuvent à leur tour être séparés de la plante mère et replantés. En un mot, c'est une plante exceptionnelle.

Si on veut en observer la floraison, il faut la maintenir en culture de marais et donc la laisser grandir au-dessus de la surface de l'eau. La feuille se modifie alors complètement et devient ovale, pointue et un peu dentelée sur ses bords. La tige est assez rigide, croît d'abord verticalement puis se couche en s'enracinant rapidement. Les fleurs apparaissent à l'aisselle des feuilles de la partie érigée qui sont oppo­sées et alternes. Elles sont beaucoup plus grandes que celles de l'espèce précédente (15 à 18 mm), bilabiées également, quelque peu dentelées. Leur couleur est lilas avec des dessins violets sur la lèvre inférieure. La fleur a deux longues étamines et deux courtes, ces dernières étant stériles. Le pistil, au bout duquel se trouve le stigmate, est long et sort un peu de la fleur : de cette façon, l'insecte assure sans problème la fécondation de la fleur grande ouverte. Les sépales sont pointus. La tige et les feuilles de la plante sont fort poilues, alors que les fleurs le sont moins.

Hygrophila corymbosa

La troisième Hygrophila à venir agrandir notre population d'aqua­rium est Hygrophila corymbosa, qui fut connu pendant des années sous le nom de Nomaphila stricta. Les noms des poissons et des plantes sont modifiés quand ils se révèlent inexacts. Au départ, cette plante a eu le nom de genre Hygrophila, puis fut changé par l'un ou l'autre auteur en Nomaphila. Cela peut être compréhensible du fait que la floraison différait quelque peu des autres hygrophiles, par le fait que les fleurs ne se trouvent pas directement à l'aisselle des feuilles mais en touffe. Le dessin le montre très bien.

Le nom d'espèce aussi s'est modifié. Bien que Ridley dans "The flora of the Malay Peninsula" décrit Hygrophila corymbosa comme une variation de Nomaphila stricta, le Professeur Harrison de Londres, dans une publication datant d'il y a quelques années, appelle Noma­phila stricta "Hygrophila corymbosa" et la variation "Nomaphila corymbosa" Hygrophila stricta. Ces choses embrouillent plutôt l'esprit et à l'heure actuelle, on s'en tient aux noms retenus par le Professeur Harrison et c'est ce qu'on fera ici aussi.

C'est une forte plante qui convient très bien aux plantations d'arrière plan dans de vastes aquariums, car elle devient importante avec une tige solide et rigide. Les feuilles vert foncé peuvent atteindre 7 cm sur 4 cm de large, sont longuement ovales, pincées au bout, opposées et alternes sur la tige. En aquarium, elle se ramifie modérément mais en revanche, les boutures reprennent facilement. Des parties bouturées partent de nouveaux jets et de cette façon, elle peut être reproduite avec rapidité.

Schéma Hygrophila corymbosa

En plantation de marais, un buisson se forme qui peut atteindre une hauteur de 1,25 m avec de nombreuses ramifications de plus d'un mètre. Le volume radiculaire est alors énorme et les racines se retrouvent très loin de la plante. La floraison est exubérante avec des touffes de cinq à sept fleurs à partir de l'aisselle des feuilles. La fleur, aux sépales pointus, est plus grêle que celle d'Hygrophila difformis, est de la même couleur, également bilabiée, et avec la lèvre infé­rieure foncée, le pistil et les étamines étant identiques. Hygrophila corymbosa en fleurs le long des rizières doit être un spectacle magni­fique. J'ai moi-même eu une plante en fleur avec plus de 1 500 fleurs, dont une bonne centaine par ramifications.

Hygrophila stricta

Cette plante est connue depuis des années chez les amateurs sous des noms fautifs tels Hygrophila guianensis et Hygrophila siamensis. Ce dernier nom serait encore acceptable, car la plante vient en fait de Thaïlande, l'ancien Siam. Elle est désormais considérée comme une variété ou sous-espèce de Hygrophila salicifolia.

Hygrophila stricta a beaucoup de points communs avec Hygrophila corymbosa, la différence résidant essentiellement dans la forme des feuilles. Les plantes en aquarium possèdent des feuilles vert clair d'environ 10 cm de long et 18 mm de large et on peut en faire des groupes superbes. L'Hydrophila corymbosa a en fait des feuilles plus sombres, plus courtes et plus larges. Les plantes émettent souvent des pousses au pied et constituent alors un groupe touffu. La repro­duction est semblable à celle des espèces précédentes, c'est-à-dire par boutures.

Schéma Hygrophila stricta

En condition émergée, c'est une plante de grande taille, mais moins grande que la corymbosa. Les feuilles sont d'ailleurs lancéolées et de la même couleur. La floraison a le même aspect, avec également des touffes de 5 à 7 fleurs sortant des aisselles des feuilles. Les deux plantes semblent très apparentées, c'est la raison pour laquelle elles ont jadis porté toutes deux le nom de Nomaphila.

Hygrophila angustifolia

Cette espèce est déjà connue depuis longtemps pour ses feuilles longues et étroites. À l'heure actuelle, on la rencontre rarement, sous le taxon Hygrophila salicifolia var. angustifolia, mais bien qu'elle soit un peu plus difficile à conserver, c'est quand même une bonne plante d'aquarium. Cette Hygrophila quelque peu fragile possède des feuilles très longues, environ 15 cm et larges de 5 mm, opposées sur la fine tige. Elle grandit assez lentement.

Schéma Hygrophila angustifolia

Si la hauteur d'eau est faible, elle grandira au-dessus de la surface. La forme de la feuille se modifie alors très peu. La tige devient un peu plus solide et les fleurs, groupées en couronne à l'aisselle des feuilles, sont blanches à lilas clair et mesurent 8 à 10 mm. Les petits fruits se développent après la floraison et quand la graine est mûre, son enveloppe s'ouvre et l'expulse. De nouvelles plantes se dévelop­pent ainsi autour de la plante mère, aussi bien dans l'eau que sur le sol humide.

Nouvelles importations (jusqu'en 1984)

Ces dernières années, de nouvelles importations se sont ajoutées mais je doute que ce soit de bonnes plantes pour aquarium. La première, ressemblant beaucoup à la stricta, est d'ailleurs vendue sous ce nom. Elle atteint une hauteur de 1,50 m, a une tige et des feuilles plus rugueuses et très poilues. Les fleurs ont manifestement l'aspect de celles d'Hygrophila angustifolia, ont la même grandeur et se situent à l'aisselle des feuilles de la tige et des rejets de bas de la plante. On ne connaît pas l'origine de cette plante.

Une deuxième espèce, émergée, elle a trois feuilles de 4 cm de long et de 5 à 7 mm de large à chaque noeud. Il est remarquable qu'elle donne parfois aussi deux feuilles opposées par noeud. La couleur en est vert brunâtre et les fleurs ont les mêmes formes et grandeur que celles d'Hygrophila difformis. La tige devient épaisse, mais sans dépasser environ 40 cm de hauteur. Elle ne se ramifie que modéré­ment. Placée en aquarium, la forme de la feuille se modifie entière­ment : elle mesure alors 15 cm de long et est très étroite. Il est fort possible qu'on ait affaire ici à Hygrophila auriculata. Sous cette forme, elle pourrait être très attrayante en aquarium.

Si on parcourt la littérature, on découvrira d'autres espèces d'Hygro­phila. Nous attendons éventuellement parmi celles-ci une nouvelle espèce à utiliser en aquariophilie.

Auteur : J. VLASBLOM pour l'Association Française d'Aquariophilie en Mars 1984. Article soumis aux droits d'auteur.

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Article publié le 16/06/2007 par les Auteurs AquaPortail (mis à jour le 10/02/2025).