La tuberculose du poisson: mycobacterium marinum

La tuberculose du poisson est une infection bactérienne dont l'agent pathogène est Mycobacterium marinum. C'est une maladie très rare en aquarium mais c'est une zoonose touchant ainsi directement l'aquariophile.

Mycobacterium marinum possède les caractères généraux de la famille des Mycobacteriaceae et du genre Mycobacterium. C'est un bacille d'environ 4 µm de longueur. Cette bactérie est très proche de Mycobacterium tuberculosis, bactérie responsable de la tuberculose chez l'homme.

Comme le reste des espèces de leur genre Mycobacterium, ces mycobactéries sont Gram-positif, mais elles sont les seules qui se sont révélées mobiles dans les macrophages et capables de sporuler.

Un peu de bactériologie :
Mycobacterium marinum est une bactérie intracellulaire, capable d'infecter les macrophages et de résister à la phagocytose. La bactérie a une répartition géographique mondiale et a pour habitat l'environnement aquatique (eau douce et eau salée) et les animaux à sang froid. Mycobacterium marinum est un agent de zoonose, c'est à dire qu'il se transmet à l'homme.

Comme toutes les bactéries du genre Mycobacterium, Mycobacterium marinum est peu sensible aux antibiotiques classiques et nécessite une culture spécifique pour la mettre en évidence en bactériologie.

Infection chez les poissons :
On dénombre plus de 150 espèces touchées par cette maladie que ce soit en eau douce ou en eau de mer. Malheureusement pour nous aquariophile, après contamination, l'infection peut rester invisible pendant de très nombreuses années. Les symptômes pouvant même ne jamais exister. 

Les premiers symptômes de la maladie sont très peu spécifiques, se résumant le plus souvent à une apathie, un assombrissement des couleurs, un amaigrissement ou une perte d'appétit. Chez certains individus, on pourra constater des tâches hémorragiques sous cutanées.

Dans un deuxième temps, en cas de forme chronique de la maladie, on peut voir apparaître de nombreux autres symptômes :

• des nageoires qui s'effilochent, une déformation de la colonne vertébrale, une exophtalmie unie ou bilatérale, une hydropisie (gonflement de l'abdomen avec soulèvement des écailles)des ulcérations cutanées, atteinte de la vessie natatoire provoquant des troubles de l'équilibre.
• Durant cette phase chronique de la maladie, on note l'apparition de nodules, les tubercules, au niveau des organes internes de l'individu, touchant surtout le foie, la rate et le mésentère.

Les tubercules, ou granulomes tuberculeux, sont formés d'un amas de cellules géantes issu du système immunitaire en réaction à l'agent pathogène.

La mortalité chez les poissons atteint reste relativement faible dans de bonnes conditions de maintenance.

Le diagnostic bactériologique est très coûteux et n'est donc quasiment jamais réalisé.

Le traitement des poissons n'est pas recommandé même si celui ci est possible. Tout d'abord, il serait long mais surtout en raison de la zoonotie, il serait possible d'augmenter la résistance de la bactérie aux antibiotiques rendant difficile son traitement en cas d'atteinte humaine.

Atteinte et transmission à l'homme avec une zoonose :
L'infection de l'homme est obtenu lors d'un contact avec des poissons ou de l'eau contaminée (piscine).

La contamination se réalise à la faveur d'érosions ou de blessures cutanées, même minimes et l'incubation est d'environ 2 à 3 semaines.

L'infection reste généralement localisée aux extrémités (mains, bras, épaules, genoux, jambes, pieds, orteils) avec une extension lymphatique provoquant l'inflammation des ganglions. La bactérie ne diffuse que très rarement au corps et s'arrête le plus souvent aux premiers ganglions rencontrés. La bactérie se multipliant difficilement à des températures supérieures à 30 °C, cela explique la très faible diffusion de celle ci dans l'organisme.

L'évolution est chronique avec une guérison clinique souvent spontanée et toujours obtenue après traitement.

La chloration de l'eau de conduite a nettement diminué les risques d'atteintes par cette bactérie.

C'est une maladie très sporadique et anecdotique qui ne doit entraver le plaisir des aquariophiles.

prophylaxie :
Quelques méthodes simples pour ceux qui voudrait limiter le risque de transmission : port de gants lors de la manipulation de l'aquarium, lavage des mains après chaque manipulation.
 
En cas d'infection dans votre aquarium :
Attention : en cas d'infection avérée d'un de vos occupants, il conviendra de :

• désinfecter le bac entièrement ainsi que tout le matériel en contact.
• brûler tous les occupants du bac, après euthanasie.
• jeter le matériel ne pouvant pas être désinfecté de manière fiable.
• ne pas échanger ou transférer des poissons ou du matériel vers un autre bac sain.
• Surtout : ne pas traiter les poissons... Pour désinfecter, l'eau de javel convient très bien.