Ctenochaetus hawaiiensis, le poisson-chirurgien d'Hawaï

Présentation

Le nom de genre de Ctenochaetus hawaiiensis, signifie "soies à peigne" par allusion aux dents et à leur forme particulière, et le nom d'espèce précise l'origine endémique de ce poisson, l'archipel de Hawaï.

Ctenochaetus hawaiiensis = Poisson-chirurgien d'Hawaï

Description

Son aire de répartition géographique est restreinte et seulement décrit des Hawaï où il est modérément abondant dans les eaux profondes, souvent en bancs (Gosline et Brock, 1960). C'est un poisson qui atteint une taille d'au moins 25 - 26 centimètres.

aquariologie :

Le spécimen en photographie fut importé à Paris, en juin 1972, avec un autre individu identique à lui, par G. Favé. L'espèce était proposée par "Marinelife Enterprises", Los Angeles, sous le nom de "Chevron Tang" et présentée comme une rareté, ce qui justifiait un prix élevé. Dès son acquisition pour l'Aquarium de Nancy, les tentatives de détermination n'ont pas abouti. C'est ainsi qu'un recours à Spencer Tinker, Directeur du Waikiki Aquarium de l'Université de Hawaï de l'époque fût initié, espérant que "Chevron Tang" avait là-bas un sens zoologique précis. Or Tinker faisait connaître (1972) que ce nom pouvait désigner n'importe quelle espèce de Chirurgien, telle que Acanthurus achilles Shaw 1803, Acanthurus olivaceus Bloch et Schneider 1801 ou Ctenochaetus strigosus Bennett 1828. Comme ces trois formes nous étaient déjà familières et que le "Chevron Tang" ne pouvait être rapporté à aucune d'entre elles, le problème de son identité restait entier. Informé de ces faits, S. Tinker transmit cette remarque au Dr. John E. Randall, l'un des meilleurs spécialistes des poissons coralliens, auteur de révisions des Acanthuridés en 1955–56. Voici un résumé de l'essentiel de sa réponse (15 décembre 1972).

Le "Chevron Tang" est, sans aucun doute, le juvénile de Ctenochaetus hawaiiensis. Le poisson m'a complètement dérouté lorsque je l'ai récolté pour la première fois à Guam (Îles Mariannes), en 1968, d'autant que l'adulte n'étant pas connu de cette région, je n'avais aucune raison de soupçonner qu'il s'agissait d'un juvénile de cette espèce. Plus tard, néanmoins, j'ai récolté ce poisson à Hawaï et un spécimen tenu en aquarium se transforma en Ctenochaetus hawaiiensis. J'ai presque terminé une note additionnelle sur les Acanthuridés dans laquelle je figurerai et je discuterai le "Chevron Tang". Quand j'ai décrit hawaiiensis, j'étais pratiquement sûr qu'il s'agissait d'un endémique hawaïen, mais nous le possédons maintenant de nombreuses îles situées, au plus loin, à la périphérie de l'Océanie.

Caractères du genre :

Les représentants du genre Ctenochaetus ou acanthures à dents en peigne, ont un aspect qui évoque à la fois certains Acanthurus et les Zebrasoma; en raison de ses larges nageoires dorsale et anale arrondies, l'espèce ressemble particulièrement aux représentants du second genre.
En fait, le genre Ctenochaetus est fondé essentiellement sur ses dents qui sont allongées en forme de soies avec une extrémité élargie qui est dentelée (peigne), mobiles (plus exactement flexibles) et nombreuses (30 à 60 à la mâchoire supérieure des adultes). En outre, les rayons épineux de la dorsale sont au nombre de 8.

Les espèces de Ctenochaetus sont moins connues des aquariophiles, car elles sont plus ternes et plus rarement importées que celles d'Acanthurus (mais les temps changent). La plus anciennement décrite, Ctenochaetus striatus Quoy et Gaimard 1824 (sub Acanthurus) abonde en Océanie; ces deux auteurs rapportent qu'on prend ce poisson à l'île de Guam par millions, qu'on le fait sécher au soleil et qu'il constitue une part importante de la nourriture des habitants. Ctenochaetus strigosus Bennett 1828, le Kole des hawaïens, est l'un des poissons côtiers les plus abondants aux Hawaï; où il remplace Ctenochaetus striatus. Plusieurs autres espèces ne furent décrites qu'en 1955 par Randall : Ctenochaetus binotatus, Ctenochaetus cyanoguttatus, Ctenochaetus magnus (ces 2 espèces sont maintenant regroupées sous le binom Ctenochaetus margaritatus !!!) et Ctenochaetus tominiensis.

Caractères de l'espèce :

L'adulte est brun olive foncé, avec de nombreuses rayures longitudinales gris jaunâtre sur la tête et le corps. Sous l'eau, il semble noir. Le bord postérieur de la caudale est rectiligne ou légèrement échancré (d'après Gosline et Brock, 1960).

Le juvénile (environ 60 mm LS), est paré de vives couleurs. La couleur de fond est rouge brique; sur celle-ci, se détachent de fines lignes longitudinales irrégulières d'un vert-bleu métallique qui se résolvent en vermicules sur la tête, la poitrine et la base de la caudale. La dorsale et l'anale, larges, et à bord postérieur arrondi, sont d'un violet foncé varié de rougeâtre et de bleu-vert; les pelviennes sont sombres, les pectorales translucides.

Après 2 ans d'élevage environ, le spécimen étudié mesure 10 - 12 cm et ses couleurs plus ternes, quoique conformes encore en gros à la description précédente, indiquent l'acquisition de la livrée de l'adulte.

Une autre espèce au moins, Ctenochaetus strigosus, présente une métamorphose radicale, le juvénile, uniformément jaune, devenant brunâtre et rayé, ne conservant qu'un anneau jaune autour de l'oeil.

La possession de poissons en aquarium requiert une approche éthique et responsable pour respecter les animaux.
L'acquisition de poissons pour maintenance en aquarium ne doit pas se faire sur un coup de tête (achat impulsif). Il est essentiel de s'informer sur les besoins spécifiques des espèces (qualité eau, dimensions aquarium, comportement, alimentat). Seuls les poissons ayant des exigences similaires en matière de qualité d'eau devraient être maintenus ensemble dans un même aquarium.

Paramètres

Les deux spécimens importés ensemble à Paris se sont montrés résistants et, globalement, les Ctenochaetus sont des poissons solides. Comme beaucoup de poissons-chirurgiens, il est assez sensible aux parasites cutanés, mais guérit bien (traitements légers au sulfate de cuivre en bac de quarantaine par exemple).

Comportement

Le poisson chirurgien est actif, peu timide.

Relations interspécifiques : exécute des parades, toutes nageoires étendues, à la manière des Zebrasoma, devant ses compagnons de bac, mais limite ses attaques à des poursuites très rapides. Attention à la cohabitation avec Salarias fasciatus et d'autres blennies qui occupent le même espace que lui.

Les relations intraspécifiques sont médiocres, il s'attaque systématiquement à ses congénères !

Alimentation

L'espèce se déplace la bouche grande ouverte, ce qui, compte tenu de lèvres volumineuses et saillantes - la supérieure surtout - lui donne une physionomie bien particulière. Lorsque l'animal désire gratter la surface d'un objet, il y applique directement ses lèvres, puis referme la bouche, raclant ainsi le substrat avec ses rangées de fines dents flexibles. Il consomme ainsi une assez grande quantité d'algues, mais mange aussi de la chair de moule crue ou cuite, des tubifex, de petits morceaux de néréis et des artémias adultes, ces dernières étant particulièrement appréciées. La part végétale du repas est importante.

Reproduction

La reproduction des poissons marins est presque impossible pour les amateurs. Seules quelques espèces sont reproduites et élevées par les professionnels.

Taxonomie de l'espèce

Le taxon valide complet avec auteur de cet animal est : Ctenochaetus hawaiiensis (Randall, 1955). L'espèce a été classée à l'origine sous le protonyme C. hawaiiensis par Randall en 1955.
En français, l'espèce porte le nom vernaculaire ou normalisé (nom commun) de : Poisson-chirurgien d'Hawaï.
En anglais, l'espèce est communément appelée : Chevron tang.

Suggestions d'espèces

Ctenochaetus strigosus (Chirurgien à cercle doré)

Ctenochaetus tominiensis (Chirurgien à bords jaunes)

Ctenochaetus striatus (Chirurgien strié)

Ctenochaetus binotatus

Ctenochaetus cyanocheilus

Ctenochaetus marginatus (Chirurgien strié)