Le poisson rouge, un envahisseur aquatique ?

Le poisson rouge pourrait devenir une espèce invasive. De plus en plus de spécimens sont capturés dans les eaux tempérées de l'hémisphère Nord. Bien que certaines populations de poissons rouges soient devenues des éléments bien établis du paysage, s'acclimatant en adaptant des couleurs plus atténuées, elles sont considérées comme une espèce non indigène et une menace pour les populations indigènes.

Un poisson rouge, de 35 cm de long, a été pêché dans la rivière Niagara (région des Grands Lacs d'Amérique du Nord).

Les poissons rouges communs (Carassius auratus) relâchés dans les lacs, les rivières et les étangs par les propriétaires d'animaux de compagnie font des ravages depuis des décennies et les scientifiques tentent de suivre ces poissons pour résoudre le problème.

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les gens peuvent décider de ne pas vouloir de poisson rouge. Si vous détestez votre ami poisson, il existe d'autres moyens de vous en débarrasser que de commettre une euthanasie. Vous pouvez le donner à un ami, le donner à un étranger, mais pour l'amour de tout ce qui existe dans l'écosystème, ne le lâchez pas dans votre étang, ruisseau ou tout autre plan d'eau local.

Et pourquoi ne pas laisser la nature s'occuper du destin du poisson rouge ? Parce que les poissons rouges sont des poissons remarquablement adaptatifs, persistants et féconds qui peuvent non seulement survivre dans votre étang local, mais aussi le dominer. Avec plus d'espace, ils grossissent, parfois jusqu'à 2 kg. En revanche, l'installer dans un bassin fermé et sans connexion à un cours d'eau naturel peut être la solution parfaite pour la vie du poisson rouge.

Poissons rouges en nombre dans une retenue d'eau :

Dans un grand espace, les poissons rouges prolifèrent vite, en nombre, et grossissent également très vite.

Dans plusieurs régions du monde, des relâchements inopportuns de poissons rouges dans des zones locales posent des soucis. Par exemple, dans le Michigan (États-Unis), le ministère des ressources naturelles a été alerté (en 2017) de la présence d'un petit tronçon de cours d'eau s'écoulant entre deux lacs et rempli de poissons rouges. Ils ne savent pas exactement comment les poissons rouges sont arrivés là et ne connaîtront peut-être jamais toute la vérité, mais il est possible que quelques poissons rouges de compagnie aient été relâchés dans la région et aient élu domicile. Il y avait environ 8 000 poissons rouges dans cette voie navigable, et les autorités locales n'ont pu en retirer qu'environ la moitié, soit un total d'environ 250 kg de poissons rouges. Le pire, dans cette petite zone, seuls deux poissons indigènes ont été trouvés.

Poissons rouges envahisseurs de cours d'eau :

Les poissons rouges se multiplient vite dans des conditions satisfaisantes, notamment quand il y a beaucoup de nourriture et un bon volume d'eau. Cette prolifération est le résultat de marronnage.

Le Michigan n'est pas le seul État américain confronté à un problème de poissons rouges. Au Minnesota, un centre naturel introduit l'achigan à grande bouche (Micropterus salmoides, le black bass) pour dévorer la population incontrôlée de poissons rouges. Le Colorado se demandait s'il fallait ou non choquer les poissons rouges envahissants, ou les ramasser et les donner à manger aux poissons sauvages. Et au Canada, les poissons rouges prospèrent dans les étangs pluviaux, même après avoir été traités chimiquement.

Depuis 2023, la région des Grands Lacs est confrontée à des espèces envahissantes issues du marronnage. Les espèces de poissons d'eau douce originaires d'Asie ne mesurent généralement qu'environ 15 cm de long dans un aquarium domestique, mais peuvent atteindre jusqu'à 35 cm de long et faire pencher la balance à plus de 2 kg lorsqu'elles nagent librement dans un gigantesque volume.

Ainsi, les animaux domestiques que sont les poissons rouges apparemment inoffensifs peuvent nuire à la faune marine indigène, déraciner des plantes, contribuer à la prolifération d'algues nuisibles et manger de la végétation dans une région écologiquement et économiquement sensible.

En pratique, les poissons rouges envahissants mangent les oeufs d'espèces de poissons indigènes. Ils occuperont également les espaces que d'autres poissons utiliseront pour se reproduire et s'abriter. Ils sont même capables de se reproduire avec la carpe commune indigène pour créer des espèces hybrides plus grandes et tout aussi nocives.

Le réchauffement climatique accéléré n'est pas innocent dans cette prolifération dans des régions tempérées. Des scientifiques ont constaté que les poissons rouges passaient du temps dans la même zone pendant l'hiver et revenaient aux mêmes endroits pour frayer chaque année. Ils ont prédit le moment où les poissons nageraient dans les zones de frai en étudiant le nombre de poissons présents, l'endroit où ils se rassemblaient et la température de l'eau. Ils ont ensuite construit des modèles qui anticipaient avec précision les poissons marqués et ont constaté qu'ils avaient tendance à se déplacer vers leurs frayères lorsque les températures atteignaient environ 10 °C.

Certaines des options pour les attraper incluent l'utilisation de filets sous la glace hivernale, les électrocuter avec des courants électriques ou les sortir de l'eau. Attraper les poissons rouges avant qu'ils ne commencent à frayer est une bonne occasion de les sortir des lacs, d'autant plus qu'ils se reproduisent plusieurs fois au cours d'une même saison de reproduction et qu'ils peuvent même vivre jusqu'à 25 ans.